Nizdrann - [Validé]

"On dit s'il vous plaît ... bah ... C'est lui la bas ..."

La jeune fille à la chevelure noir corbeau lui montra du doigt. Elle était à moitié assoupie, les bras croisés se balançant sur sa chaise, les pieds sur la table.


"Si tu prend une chambre ici c'est que t'a plu au Capitaine ... si t'a plu au capitaine ptêt bien qu'il t'a recruté. Si c'est le cas, bienvenue "louveteau" sinon, mets ton or sous ton oreiller avant de dormir."


Elle le fixa dans les yeux se redressa sur sa chaise et se retrouva à la même hauteur que le nain qui, lui, était resté debout.


"Falordelle, enchantée."

Grignottant une tartelette aux myrtilles donnée généreusement par Ribald, Edana se rapprochant de Falordelle.

-Tiens Falordelle.. t'en veux un bout avec moi?
'tention elle est chaude, elles sont drolement meilleure comme ca !

Edana posa devant la belle acrobate sur la table la seconde tartelette qu'elle tenait dans les mains.

"oooh tu est trop mignone ... ya que toi pour arracher quelque chose à ce vieux tavernier aigri. Donne en donc un bout à ce nain , pour voir si il sait avaler autre chose que de la bière et fait lui une des acrobaties que je t'ai appris pour voir si ce vieil ours sait encore sourire"


Elle lui passa la main dans les cheveux comme pour l'encourager.

Edana coupa la tartelette qui restait en deux, après qu'elle eut veillé à avaler l'autre. Elle laissait une moitié devant Falordelle et tendit l'autre à Nizdann

"Tiens c'pour toi!"

Sa bière dans la main droite, et sa pipe dans la gauche, Nizdrann eu un léger geste d'impuissance en regardant la fillette. Ces yeux reflétaient la lutte intense qui se passait dans son crâne.
Il resta plusieurs seconde sous le regard inquisiteur des deux humaines avant de lâcher un soupir profond. Il posa sa chope sur la table et avança lentement la main vers la tarte, comme si c'était un acte d'une horreur insoutenable.
Il resta encore quelques instant la tartelette à la main avant d'ouvrir la bouche.

"je ... heu ... merci, j'imagine ..."

mal à l'aise, il préféra se retourner vers Falordelle

"je suis Nizdrann et euh... je crois que le capitaine m'a accepté"

Il pronnonça ses dernières paroles comme s'il ne le croyait pas lui même.

"Tu crois ?"

Elle se lève de sa chaise vient au comptoir s'y accouda face à Nizdrann et entoura de son autre main fine les épaules d'Edana

"Pourtant Malheur ne peut pas être plus clair et franc quand il te dis quelque chose. Un hydromel Ribald s'il te plaît. Oui je pense qu'il t'a accepté car tu est toujours la et pas en pièces détachées. Je ne veut pas connaître les raisons pour lesquelles il t'a embauché ça ne me regarde pas. Mais tu viens d'où ? Et surtout tu sais faire quoi ... à part boire"

D'un mouvement incertain, et en réponse au regard soutenu de la fillette, Nizdrann englouti la part de tartelette.

"Je ...."

Il reprend péniblement ça respiration. Tente de faire un sourire de remerciement à la fillette. Se rétracte devant son regard de feu et tape du coude dans sa chope qui tombe et se fracasse par terre.
Le nain parait profondément secoué par ce qui vient de se passer. Bien plus qu'il ne l'aurais fallu dans une situation similaire.
Il recommence à grogner dans sa barbe.

"Tu vois... Je ne dois pas me rapprocher des innocents, je ne fait que le mal dès qu'ils essaient d'être gentil ... je ne peux pas ..."

Après s'être reculé de quelques pas, il jette un regard aux deux filles. Presque un regard de défi. Défi de chercher à savoir qui il est ? Défi de tenter de l'approcher encore une fois ? Nul ne saurait le dire. Toutefois, une brève lueur de supplication traverse ses yeux lorsqu'il les fixe sur la plus jeune des deux.

Le regard que lui rendait la fillette etait clair et dénué de méchanceté. Elle semblait tout simplement heureuse d'etre ici et de lui parler, même s'il avait une attitude parfois bizarre... mais bon, chacun son grain de folie semblait elle lui dire de part son regard.

"Tu veux une autre part? c'est ca?
Ou tu veux p'tet que Falordelle marche sur les mains? Je t'assure, elle est trop trop douée à ca. C'est la meilleure de tous !

Tu veux une aut' bière bien sur !
J'vais t'l'apporter!"

La gamine se pencha à toute vitesse par terre pour prendre la choppe qui venait de tomber et filer derriere le comptoir ou on entendit un retentissant:

"Une aut' pour le nain Ribald !

Oui Oui t'inquiete, je vais pas boire dedans. Promis, juré, craché!"

suivi du bruit que l'on peut imaginer sans peine.

Falordelle siffla son verre d'un trait et le reposa avec vigueur sur le comptoir. Ce nain commençait à l'intriguer de plus en plus, comme une sorte de compassion liée à du mépris.


"C'est vrai qu't'a l'air entamé."

Lui dit-elle d'un ton sec, elle plongea son regard dans celui du nain.

"Tu t'es trop pris d'coups sur la caboche ? je peut t'en donner encore quelques un si ça peut t'rendre aimable, vu que la gentillesse ça t'réussit pas !!!"

Falordelle avait bombé le torse elle avait au moins deux têtes de plus que le nain bien qu'ils fussent assis. Son visage paraissait nerveux et inquisiteur. Elle ne lâcha pas le nain des yeux, malgré les quelques têtes qui se tournèrent depuis la salle en direction de cette étrange scène.

Le brouhaha qui régnait s'estompa un peu, certains y prétèrent une oreille, d'autres y jetaient des coups d'oeils furtifs.

étrangement, autant la gentillesse dont les humaines avaient fait preuve semblait déranger Nizdrann, autant cette soudaine tension le calmait visiblement.
c'est avec une voie calme et assurée qu'il reprit la parole.

"et bien mad.. Falordelle. On m'avais dit que les humaines étaient curieuse, mais là je crains que tu n'mettes ton joli nez là où il doit pas être. Je te remercie pour ta sollicitude mais si le capitaine m'a choisi, il doit avoir ses raisons. Je pense pas avoir à me justifier d'vant toi".

Son visage était devenu complètement neutre, ses yeux semblaient des miroirs, où l'on ne pouvait rien apercevoir. Il resta ainsi, fixant la femme pendant un petit laps de temps, jusqu'à ce que la gamine lui amène une autre chope pleine. Une légère frayeur traversa son visage lorsqu'il croisa son regard, mais il reprit tout de suite son emprise sur lui même.

"merci petite"

Dit il en détournant les yeux.

"d'rien !!

Dis Falordelle, tu me tiens les jambes que j'arrive à marcher sur les mains? Hein? tu veux bien??"

La mioche se tourna vers Falordelle tentant de lui soutirer un moment afin qu'elle puisse de nouveau s'entrainer.

"Oh et puis je m'en fout de ta vie, si tu tiens à te la jouer solitaire vas y... j'irais pas te pleurer si tu te fait couper en deux pendant une campagne. Viens pas me chercher le jour ou t'aura besoin de quelqu'un pour pleurer.

Falordelle jetta un coup d'oeil au doux visage de la petite Edana et repris sur un ton incisif

"Regarde une fillette d'une dizaine d'année fait plus preuve de civisme et de gentillesse qu'un vieux nain puant l'alcool et le tabac froid"


La jeune fille, après ça décida d'ignorer le nain et dit à Edana d'un ton chaleureux

"A trois un pas en avant les mains sur le sol et pousse l a pointe de tes pieds en l'air, n'oublie pas de serrer les fesses de rentrer la tête et de garder le dos droit"

Haussant les épaules en réaction à la diatribe de la jeune femme, le nain fini sa chope adroitement, tourne les talons et se dirige vers les escaliers.

En haut des esacliers se tenait la silhouette massive du père Wolman. Dominant Nizdrann de toute sa stature et du haut de son promontoire, le prêtre se tenait les mains devant lui et observait toujours Nizdrann de son regard continuellement accablée par le malheur.

Il se tenait là, immobile comme la statue qu' il était, tel un chevalier bretonnien gardant son guet et defiant du regard quiconque voudrait franchir cette frontière.

Mais une fois le nain arrivé à portée de marteau du prêtre, Walther Wolman se contenta de poser une main lourde et imposante sur son épaule et de dire, d' une voix lente, monocorde, inaudible, mais sans la moindre hesitation :

"Lorsqu' il combattait son ennemi, nul ne se souciait plus de qui il était et lorsqu' il eut remporté son duel, nul ne se soucia plus de ses futilités que les parjures nomment : défauts."

S' ensuivi un silence compréhensible devant ce qui l' était si peu.

"Verset 34 psaume 89 de La Vie de Sigmar... Bienvenue à vous. Vous voilà à présent louveteau.
Cela signifie entre autres que nous vous sommes égaux.
Voilà de quoi méditer frère nain."

Ce n'est qu'en haut des escaliers qu'il aperçu l'homme. Celui ci devait être de la race des géants, il remplissait à lui seul tout l'espace du palier.

Il posa sa main sur l'épaule de Nizdrann et commença à parler.
Tout en l'écoutant, le nain senti un frisson parcourir l'ensemble de son corps. A la fin de la diatribe de l'homme, le nain se dégagea sans violence et continua son chemin vers sa chambre sans un mot.
Seul un observateur attentionné aurait pu remarquer la grosse larme qui coulait le long de sa jour et se perdait dans sa barbe.

Le sergent Vladimir dit "le Chanceux", qui n'avait pas vu venir à lui les bleus, rentra dans la taverne d'un pas lourd et décidé. Sa taille impressionnante n'était rien en comparaison de l'apparence bestiale qui était la sienne. Des braies dans une toile grossière, surplombée par une tunique en peau d'ours sous laquelle cliquetait une cotte de maille, complétait parfaitement le physique brutal du sergent. Ses yeux passèrent un regard en colère sur la salle avant que les traits de son visage balafré vinrent s'étirer pour laisser s'échapper de sa bouche une voix puissante à l'accent à couper au couteau.

"...SONT OÙ LES DEMEURES !? N'ONT PAS PIGE OÙ SE TROUVENT LES TENTES !? FAUT LES PRENDRE PAR LA MAIN CEUX-LA !?"

Le kislévite, traversa la salle d'un regard inquisiteur, cherchant les nouvelles recrues en fulminant, lâchant des grossièretés dans sa langue natale, dont la rudesse de l'accent, suffisait seul à faire comprendre qu'il n'y avait rien de bien agréable à comprendre. Et alors qu'il allait alpaguer Falordelle, histoire d'en faire profiter au moins une, il aperçu en haut de l'escalier, le nain et le prêtre et redirigea son attention verx eux.

"VOUS DEUX ! FAUT QU'J'VIENNE VOUS CHERCHER AVEC UN CROCHET DANS LA BALOCHES !? SI J'VOIS ENCORE UN BLEU QUI JOUE SES EFFAROUCHEES EN GARDANT UNE CHAMBRE LA-HAUT J'LES LUI FAIT BOUFFER ! C'EST BIEN CLAIR !? ALLEZ CHERCHER LE BORDEL QUI VOUS SERT DE BARDAS ET REJOIGNEZ LA TENTE DES DEMEURES DE RECRUES !"

Le père Wolman adressa au kislévite le même regard que Nizdrann avait du subir lors de son ascencion. Puis, il tapota l' épaule de celui-ci et l' invita à le suivre dans sa lente descente de l' escalier.


"Tenez. Nous ferions bien d' y aller à présent.

Sachez que je suis aussi surpris que vous frère nain. J' ignore ce que le sergent nous reproche et d' ailleurs, je n' en ai cure ni ne possède d' effets personnels autres que ceux que je porte sur moi. Il s' agit là d' une grande vertu sigmarite."

Tandis que le père Wolman continuait ses élucubrations, il s' approcha du sergent Vladimir et s' immobilisa aussi bien qu' il en était capable. Il baissa ensuite les yeux et la tête tout en fronçant les sourcils, adoptant par là une attitude de repentir total.

Nizdrann se retourna rapidement en entendant les premiers éclats de voix.
S'apercevant rapidement qu'il était concerné au premier chef par la diatribe du sergent, il retourna sur ses pas jusqu'à parvenir au niveau de Walther. Ce dernier lui adressa la parole simplement, comme s'il le considérait comme un égal. Perdu dans ses pensées, l'air toujours troublé, le nain descendit l'escalier à la suite de l'homme.

Il s'arrêta au niveau du sergent, et attendit. L'air aussi peu concerné qu'un elfe à une pendaison "Sigmarite".

Le sergent regarda les deux nouveaux, descendre les escaliers sans trop se presser et en tout cas pas avec un surplus d'enthousiasme.

"Alors les donzelles, on a fini de s'tenir la jambe dans l'escalier ? Fallait en plus que j'vous aide à descendre pour aller plus vite ou bien c'est qu'vous avez déjà des réflexes de croulant ?"

Puis il s'approcha de l'un puis de l'autre et les jaugea d'un regard méchant. Il semblait qu'en cet homme rien de bon ne pouvait germer et en tout cas pas de la courtoisie.

"Bon les pisseuses, vous allez bouger vot'cul terreux jusqu'au dehors et vous s'rez d'corver pour aller terrasser et planter de la palissade et ensuite vous irez éplucher les navets, cirer les bottes des officiers et les selles, brosser les montures et vous monterez la garde au pont pour toi le nain et à la porte du camp pour toi l'endormi !" désignant successivement Nizdrann puis Walther.

Vladimir se tourna ensuite vers Falordelle qui aidait la mioche à faire des cabrioles.

"Et toi, la monte en l'air tu vas aller m'faire le plaisir d'aller aux lessives et puis t'iras chercher l'bois pour la tambouille qu't'aidera à préparer pour c'soir ! Et tu feras la vaisselle pour finir et si ça brille pas j'te la ferai refaire à coup d'pieds dans l'cul !"

Le sergent leur désigna la sorti d'un geste sans ambiguïté quant à la vitesse d'exécution qu'il exigea d'eux.

"BOUGEZ VOUS ! VOUS D'VRIEZ DEJA Y ETRE ET SUER SANG ET EAU !"

"Bien sergent"

L'aspect particulièrement revêche de l'homme, ses manières inexistantes, et sa bêtise méchante apparente, laissaient penser au nain que le kislévite devait être une belle peau de vache. Il ne faisait aucun doute que cet homme prendrait plaisir à mater une rébellion. Il lança un regard à Walther pour voir sa réaction... Puis il se baissa pour ramasser son sac.

Edana connaissait bien le sergent... tellement bien que quand elle l'entendit commencer à invectiver les deux nouvelles recrues elle arrêta de suite son apprentissage d'équilibriste pour retomber à terre et filer dans un coin afin éviter les corvées....

Walther se contenta de subir la litanie d' ordres du sergent sans sourciller.

Une fois qu' il eut prit connaissance de ses devoirs, il releva la tête et adressa au sergent enragé son regard impassiblement miséricordieu avant de lui répondre aussi tristement que simplement :

"Soit, sergent."

Ne prenant pas la peine d' attendre qui que ce soit, le prêtre se mit aussitot en route d' une démarche lourde et empreinte d' une certaine fatalité fort peu à propos.

Une fois au dehors, le prêtre se saisit d' une pelle et attendit Nizdrann les deux mains sur le manche de celle-ci, dans une attitude froide et austère qui n' aurait pas dépareillé au sein d' un temple de pénitence sigmarite.

Toujours à la suite du géant, Nizdrann sortit de l'auberge. Il le rejoignit au fond du jardin. Voyant quelques outils de terrassement posés au sol, il ramassa une pioche à manche court, plus pratique à manier pour quelqu'un de son gabarit que les grandes pelles posées à coté.

Il commença à se mettre au travail en bougonnant.

"tss j'aurais du attendre une heure de plus avant de demander à voir le capitaine. J'aurais peut être eu le temps de boire une bière de plus ... enfin maintenant que j'y suis ... "

Jetant un regard circulaire sur le jardin, il continua

"Je ne peux quand même pas m'empêcher de penser qu'ils nous font faire ça plus pour nous occuper que pour l'utilité de la tache elle même .... 'fin bon, ça doit être une lubie de ce bon sergent ... il doit aimer les roses ..."

Quelques instants après, alors que le nain et le prêtre commençaient à suer, Falordelle sorti de l'auberge et claqua la porte bruyamment. Elle avait une large panière en osier pleine à ras bord dans les bras et un fichu sur la tête. Le linge semblait avoir servi à torcher un régiment de peaux vertes. Elle se dirigea vers le lavoir à quelques mètres des deux lurons qui grommelaient à chaque coup de pioche et de pelle. En passant elle leur lança :

"C'est ça ! rigolez encore et je vous taille les oreilles encore plus pointues que celles d'El'thai !!"

Edana suivit la jeune fille tout en croquant une pomme, le visage serein, visiblement soulagée d'avoir échapé aux corvées.

Bien que creusant vigoureusement, le travail de terassement plus que médiocre du père Wolman trahissait chez lui une inaptitude totale pour ce genre de travail manuel.

Entre deux coups de pelle aussi vaillants qu' inutiles, le prêtre Ostlander dit à son camarade :

"La seule tâche qui soit inutile est celle qui consiste à vouloir s' y soustraire...
Quand aux raisons du sergent, sachez que seul Morr aime les roses."

C' est alors que passa Falordelle, les bras chargés de linge plus sale que les murs de l' auberge.
Après que la jeune femme aie mis les deux mercenaires-ouvriers en garde, Walther Wolman répondit de son ton morne et calme :

"Et Sigmar dit aux cueilleurs affamés : "Affrontez votre faim avec toute la force dont cette terre nous investit. Si vous voulez qu' elle vous nourisse, montrez-vous digne de ses bienfaits." Verset 3, psaume 80 de La Vie de Sigmar."

Qu' il ponctua d' un coup de pelle.