Aurora - [Validé]

L’homme qu’on vous a désigné comme étant le sergent recruteur de la fameuse Compagnie des Loups d’Ostland, regarde sa choppe d’un air absent en se curant négligemment ses ongles à l’aide de sa dague effilée. De temps à autre il crache par terre la chique qu’il mâche bruyamment, laissant parfois un fil de bave se perdre dans sa barbe hirsute comme un insecte dans un buisson de chardon.

Alors que pendant ce temps, dans l’un des coins sombres de la taverne, une jeune femme d’une vingtaine d’années parcourait des yeux ce qui ressemblait vaguement à un épais formulaire.Tandis que les nombreuses
pages du formulaire tournaient les une après les autres, sa chope posée sur le bord de la table se vidait un peu plus, page après page, sans même prendre le temps de lever son regard de l’encre qui avait légèrement coulé sur le parchemin humide.

Elle remit finalement les pages dans leur ordre avant de boire d’un trait le contenu de sa chope encore à moitié pleine puis se leva, le formulaire à la main, poussant la chaise derrière elle.
Quelques pas suffirent pour arriver à proximité du tavernier, les yeux fixé sur le Sergent recruteur, encore et toujours en pleine méditation sur sa choppe, voyant la sécheresse arrivée à grande allure.

La jeune femme déposa une maigre bourse sur le comptoir de celui-ci avant de discrètement lui demander de remplir une grande chope de bière, ce que fit rapidement le tavernier avant de récupérer son dût.
Elle récupéra la choppe digne d’un nain assoiffé, puis s’avança en direction du Sergent instructeur.

Alors que le formulaire vint se poser brusquement sur la table du Sergent, celui-ci était manifestement toujours autant préoccupé par sa choppe vide…
Jusqu’à ce qu’une choppe pleine eu le malheur de croiser son regard.

Celle-ci était suivi d’une main puis d’un avant bras et un bras, lorsque le regard du Sergent se réajusta sur un corps vêtu d’une armure dont le cuir semblait usagé puis ré-haussa ses yeux arrivant finalement devant un visage souriant.

«Tenez Sergent, vous semblez bien pâle, cette bière va vous remettre en état. »

Dans un silence gênant il poursuit sont inspection méticuleuse comme pour juger si votre apparence pourrait lui sembler assez acceptable pour vous répondre. Quant enfin il y consent c’est d’une voix rauque et avec un accent à couper au couteau qu’il s’adresse à vous.

« Si t’attends qu’j’te tire la chaise tu peux dégager du plancher bouseux… tu m’déranges ! »

Voyant dans votre regard et probablement un peu à votre accoutrement que vous n’êtes ni le saltimbanque qui vient de pousser la chansonnette, pas plus que le pilier de comptoir qui cherchait quelque part ou s’affaler, il vous relance alors.

« T’es là pour quoi ? Cause vite, ta gueule me fout la gerbe, ça va m’couper l’envie d’boire. »

« Pour aller me battre avec votre compagnie, Sergent. »

« Et qu’est-ce qui t’fait croire que tu peux d’venir mercenaire péquenaud ? T’as vu des feignasses chez nous ? On r’crute pas chez les buveurs de lait »

Perdant instantanément son sourire, la jeune femme se mise à observer le sol durant quelques secondes d’un air songeur, avant de plonger à nouveau ses yeux dans ceux du Sergent, reprenant subitement son sourire innocent.

« Il vous arrive de combattre les troupes du chaos, n’es-ce pas Sergent… ?
J’ai une vieille rancune envers le Chaos. Et pour témoigner de mon envie de vengeance, je compte bien devenir la meilleure chasseuse de démons des terres connues. »

En vous écoutant d’un air distrait, le sergent recruteur tapote contre la table, la lame de sa dague qui commençait à accumuler la saleté raclée sous ses ongles noirs. Il relève la tête vers vous d’un air blasé et vous interroge à nouveau.

« Et tu as appris quoi quand tu chialais dans les jupes de ta mère ? A faire la boustifaille ? Et donne pas dans les sentiments, le larmoyant ça m’donnera surtout envie de t’foutre la gueule dans la boue et d’y marcher d’ssus.»

Sans relâcher son léger sourire, elle détacha de son dos un grand marteau retenu par deux lanières de cuir avant de le déposer contre la chaise et de s’assoir. Un marteau en fer dont le métal semblait de bonne qualité bien que l’usure du temps fit son office.

« La cuisine était le travail des jeunes fidèles, non pas celui de ma mère qui était Prêtresse-Guerrière, préservant le peuple de l’Empire et louant Sigmar. J’ai également subit le même entrainement, depuis maintenant 4 ans.
Cela satisfait vos attentes, Sergent ? »

D’un air dubitatif, le sergent griffonne quelques notes à la suite de ce qu’il avait déjà pris depuis le début de votre semblant d’entretien.

« Mouais… crois pas qu’tu vas m’convaincre avec ça… y’a des pisseuses dans l’coin qu’j’ai plus de raison d’engager qu’toi. Quand on s’engage chez nous c’est pour la vie… C’est pas une maison d’accueil pour les paumés dans l’genre. Si t’es là pour trouver ton papa perdu et t’barrer quand tu l’as r’trouvé tu peux retourner vers la sortie et d’casser d’là en priant que j’te refasse pas la tronche d’m’avoir pourri mon temps. T’en es conscient ? Alors comment tu vois ton futur chez nous si jamais on estime que ta carcasse peut y v’nir y prendre des coups ? »

« Je ne saurais lire l’avenir pour vous, Sergent.
En revanche, je peux assommer nos ennemis ainsi que soigner les blessés ou les malades grace à la puissance divine que Sigmar me permet d’utiliser. »

Sans changer d’attitude, bien au contraire, le sergent vous écoute d’un air féroce, comme s’il allait vous sauter sur le râble d’un instant à l’autre pour se passer les nerfs sur vous.

« T’as que’qchose à rajouter avant de t’barrer d’ma table ? Après ça sera trop tard, laisse nous au moins un endroit où t’faire appeler si l’Capitaine il est intéressé par toi. »

La jeune fille regardait à présent l’ensemble des personnes présente dans les lieux avant de baisser son regard et d’aperçevoir la choppe du Sergent, vide. Le sourire un peu plus large et l’œil gauche plissé, Ses yeux plongèrent de nouveau dans ceux du Sergent.

« Je ne suis pas pressée, Sergent.
Vous prendrez bien une autre bière à mes cotés, n’es-ce pas, Sergent ? »

Une jeune gamine dont on aurait donné un peu plus d'une dizaine d'années observait l'échange avec curiosité.
Depuis que Falordelle etait partie vadrouiller elle s'ennuyait ferme et voir une autre femme n'était pas pour lui deplaire.

S'approchant de la pretresse guerriere elle regarda avec curiosité son paquetage en l'écoutant parler.

Se mordillant les levres, elle se tremoussait d'une jambe sur l'autre n'osant s'approcher mais trépignant de curiosité.

Entendant que la jeune femme desirait une autre biere, elle courut voir Ribald lui demanda une choppe de la biere preferée du sergent puis revint avec deux sous le regard bienveillant et scrutateur de Ribald vérifiant qu'elle n'en avait pas perdu dans son gosier en chemin et les posa sur la table

"Tu viens d'loin?
Tu viens chez nous?"

Edana sourit en voyant qu'on s'adressait à elle

Elle s'adossa à une table a coté, ses fesses n'atteignant pas le bord et continua ses interrogations

"Tu viens d'loin?
Tu viens chez nous?
Tu t'appelles comment? Tu sais faire quoi?
Tu sais marcher sur les mains? Et jongler comme Falordelle? Elle est trop trop bonne !
Elle m'a meme appris, tu veux voir?"

Et un grand sourire innocent ponctua la tirade, lui permettant enfin de respirer.

Arborant un léger sourire en coin, Aurora rapprocha son visage de celui de la fillette avant plonger son regard dans ses petits yeux.

"Je me nomme Aurora et je viens de loin, pour bavarder avec un homme en particulier."

Le Sergent émergeât instinctivement de ses songes et se mis aussitôt à griffonner un mot sur l'un des quelques parchemins de son dossier.
Pendant ce temps, la jeune Prêtresse-Guerrière continuait sa discussion avec la gamine.

"Je ne sais pas non plus jongler ni même marcher sur les mains.
En revanche...
J'ai en effet une passion moi aussi !" Dit elle, souriante.

Le regard de la jeune fille se teinta un instant par la surprise avant de reprendre son sourire amusé

"Oh je vois, combattre, c'est ca?
Tu m'apprendras alors?
Hein? Comme les autres?
C'est important de savoir combattre! Malheur dit que c'est important même pour moi! Qu'il ne faut jamais etre pris au dépourvu !

C'est pour ca que t'es chez nous?
Tu veux une autre bière?"

Autour de la jeune fille, plusieurs loups avait cessé de jouer aux dés pour observer la main d'Aurora posée sur le marteau. Certains avaient même imité son geste et attendait dans le silence.

Une silhouette encapuchonnée et recouvert d'une longue cape noire glissa hors de l'arrière pièce en refermant la porte avec une extrême précaution afin qu'aucun bruit ne vienne perturber la salle et alla s'asseoir sur le rebord d'une fenêtre dont qu'on avait obstruée à l'aide de planches clouées de l'intérieure. On devinait son regard, à l'air absent, posé sur la nouvelle venue et veillant attentivement à la "gamine".

Edana haussa les épaules avec une moue résignée, comme si elle avait deja entendue mille fois ce refus

"Mais je suis sage? Et que je t'obéis bien?
Tu voudras toujours pas?

même si je t'apporte une autre bière?
Et puis... et puis en ce moment les contrats n'ont pas encore commencé alors tu auras tout le temps... hein???"

Légèrement tassé sur sa chaise, Nizdrann tentait d'établir son record personnel de bières ingurgitées avant l'arrivée du capitaine ou d'un sergent avec les nombreuses taches idiotes qui les accompagnaient inévitablement.

Lorsque l'humaine pénétra dans la taverne il ne lui prêta pas plus d'attention qu'aux différents clients de l'auberge. L'arrivée de la gamine avec son aura si particulière le fit émerger des brumes d'alcool qui comblaient son cerveau. Le nain ne tenait vraiment pas à lui parler, il se fit donc encore plus petit, et prêta l'oreille à la conversation pour juger du meilleur moment pour un repli stratégique.

Il tiqua légèrement à la dernière phrase de l'humaine. Qu'est ce qui poussait certains membres de cette race à être aussi arrogants ? Une simple institutrice ? Il était de notoriété publique dans les royaumes nains que les bons instructeurs étaient non seulement les plus grands guerriers, mais aussi de remarquable pédagogues aux qualités naines indéniables. Il soupira un peu trop fort pour rester discret.

La surprise reparut sur les traits de la gamine, comme si la question pour banale qu'elle était lui paraissait étrange

"MOI?? Ben....quoi?"

L'enfant se gratta les cheveux, la question la prenant au dépourvu

Termine d'un trait le restant de sa chope, regardant inlassablement la jeune fille toujours dans l'attente d'une réponse de sa part.

La gamine hausse les épaules

"Ben quoi? Ah ! " comme comprenant soudain ce qu'elle veut

"Je m'appelle Edana, desolée ! je m'étais pas présentée! je suis un Loup ! Comme tout le monde ou presque ici !

Voila, Enchantée Aurora !

Tu as deja vu Malheur? Ah non suis je bete, sinon tu ne serais pas devant le sergent recruteur, et puis on t'aurait vu au camp !

Tu as besoin d'une autre biere? Arf, et aussi il faut payer les deux que tu as commandé!"

La guigne aujourd'hui lui collait à la peau aussi sûrement que sa prothèse lui cerclait son genou, enfin son moignon exactement.

Quatre parties de dés, toutes perdues,... Et 25 pistoles d'argent qui changeaient de main.

Faut dire que son esprit avait été détourné du jeu, alors qu'il menait en plus.

Cette humaine, la main sur le manche de son arme qui fixait Edana d'un regard dur... Certes, l'inconnue semblait s'être reprise rapidement, affichant de nouveau un sourire à la gamine à la tignasse rousse mais, trop tard, le boiteux n'était plus dans le jeu.

Payant son dû à un loup avide d'extirper quelques cliquantes de plus au sergent, ce dernier quitta la table et s'avança vers celle du recruteur, le son froid et métallique de sa jambe artificielle rythmant sa démarche chaloupée.

- « Arrêtes donc d'picoler cinq minutes et dis moi c'qui se passe? commença le boiteux. « Une nouvelle recrue? »

- « Ouaip » se contenta de répondre le sergent recruteur en fixant Aurora assise devant lui.

- « Et tu restes là à t'torcher le gosier avec? T'y tiens à c'que le Capitaine te fasse bouffer chaud, hein!!! avertit il avant de se tourner vers l'humaine, occupée à débourser ses pièces sur le pan de la table. « Qu'est ce qui t'amène à vouloir rejoindre les Loups? »

Edana s’éloignait maintenant en direction de Ribald et Aurora profita du calme pour souffler un bon coup tandis qu’une voix étrangère se fit entendre…

« Qu'est ce qui t'amène à vouloir rejoindre les Loups? »

Alors que l’inconnu avait les yeux fixés sur la Prêtresse-guerrière, celle-ci continuait de fixer la table quelques instant, lorsque son regard se leva en direction de l’homme d’un air songeur. C’est à cet instant quelle pu apercevoir ce qui ressemblait à des galons sur sa manche.

« Salut !
T'es un Loup, hein ? » - Dit elle d’un ton neutre, laissant son habituel sourire de coté.
«Je ne suis pas venu jusqu’ici pour payer une choppe au Capitaine si c’est ce que tu te dis !
Si je suis venue ici, c’est porce que nous avons des points en commun. »

Tandis que le sergent recruteur s'était levé pour aller vider une vessie bien trop remplie, sa chope vide roulant sur la table, déversant les quelques gouttes de mousse cachées au fond de la timbale sur les parchemins d'enrôlement, Aurora répondit à la question du boiteux d'une voix neutre.

Aux dires de l'humaine, ce dernier croisa les bras sur son torse puis lui rétorqua :  " Des points communs...Voyez vous ça.... Bah, j'serai bien curieux de les connaître, tiens! "

Aurora obsverva le Sergent recruteur se lever d'une manière quelque peu original, puis s'éloigner en direction de l'arrière salle.

" Hm, vraiment ?" - Dit Aurora, désignant la chaise de la main.
" Profitez de la place si vous tenez temps à ouvrir une conversation, de toute manière, le Sergent quant à lui n'était pas bien bavard."

Affichant de nouveau un léger sourire, elle tourna son regard dans une autre direction, cherchant Edana.. Et les bières.

Debout, bien campé sur ses jambes, le boiteux secoua la tête négativement.

"On n'est pas dans un salon de thé, là. Si tu veux ouvrir une conversation, t'as mal choisi ton bonhomme. J'suis pas là pour faire la causette mais pour savoir si ça vaut le coup que j'dérange le capitaine pour toi. Alors ses points communs? Parce qu'ouvrir la bouche pour ne rien dire, bah, dèjà c'est bien loin d'en être un!!!

Ecoutant sans ciller, le boiteux se contenta de passer la main dans sa barbe poivre sel puis il répondit:

" Et? C'est quoi ces fameux points communs? Non, parce que là je vois pas. Et si c'est d'l'entrainement que tu veux, passes ton chemin. Les loups c'est pas une d'ces académies qui poussent en ville. La mort nous suit comme les mouches sur une carcasse. ALors, t'as que ça a me dire pour convaincre d'faire appeller le capitaine? Parce que si tu lui rétorques ça au Malheur, crois moi qu'il va te faire rencontrer Sigmar et Ulric à coup de pied au cul."