[Enfants de l'Apocalypse] Chapitre un

Le feu crépitait doucement dans l’âtre de la cheminée, le bois sec claquait, tentant une ultime rébellion avant de succomber à l’étreinte des flammes. Le jeu des ombres et lumières qui découlaient de cette danse combustible donnait au visage d’André Mohr un aspect particulier, mi ange mi démon, reflet de ses pensées en cette heure sombre et étrangement un nouvel éclat venait d’y être ajouté, phare providentiel ou subterfuge chimérique ?...





Le vieux guetteur ouvrit sa paume de main, révélant les 4 bagues à l’iris d’onyx, 4 morts de plus…


Il avait mis 10 agents sur l’affaire des « Enfants de l’Apocalypse », 10 hommes et femmes entrainés, adeptes tant de la filature, physionomie, observation que de combat, pour ne pas dire ses meilleurs guetteurs et pourquoi, au final ?


Des échecs, des échecs tragiques…


Deux agents, tout d’abord, il y a plusieurs mois de cela, avaient disparu, partis sans donner de nouvelles, contraire aux lois de la confrérie, évaporé du jour en lendemain.


André avait alors envoyé Opollan, prénommé « Nacarat », sur place mais l’agent ne trouva que désordre, sang et de nouvelles questions.


Le chef des Guetteurs demanda alors expressément à son messager de prévenir ses frères de l’imminence d’un danger, trop tard….Ces quatre chevalières dans le creux de sa main en disaient plus que s’il s’était rendu sur place, constater par ses yeux la mort de ses hommes.


Ce qui amenait à 6 le nombre de perte, ajouté à cela Nacarat blessé, affaibli, il ne restait alors que 3 agents sur le terrain.


Que devait-il faire ?


Ne pas les prévenir pour continuer la tache qui est sien, faire passer le bien du royaume, de l’empire avant celui de ses agents ? Ou garantir à ses hommes sécurité, les préserver d’une attaque surprise pour mieux pouvoir, dans l’avenir, appréhender les dangers qui semblaient pointer à l’horizon ?


« Messire, vous allez bien ? » S’enquit, d’une voix timide, la jeune femme à son service.


Discrète comme toujours, André avait parfois tendance à oublier sa présence.


Il lui sourit avant de répondre : « Oui, ça va aller…Ca va aller, mon enfant !! »


Oui, ça irait…


Ces Loups d’Ostland, cette compagnie de mercenaire était en soit une aubaine pour ses états d’âmes, aucun regret à envoyer des chiens de guerre grassement payé sur place pour prévenir ses hommes et, peut être, arriverait il, à leur retour, à les engager pour un contrat plus conséquent, un contrat valant certes son pesant d’or mais le déchargeant d’un poids de conscience lourd, beaucoup plus lourd…

Ils étaient deux, deux cavaliers à s’approcher du campement, du moins ce qui devenait peu à peu un campement.


Il y avait tout d’abord un haut elfe, de longs cheveux couleur cuivré lui cerclaient le visage et ses pupilles brillaient de feu. A ses cotés, une jeune femme, de court cheveux blonds cendrés coiffés haut sur le dessus du crane en deux couettes, une frange lui voilant la moitié du visage et un regard timide, effacé. Son malaise se sentait, il transcendait par tous les pores de sa peau blanche.


Deux gardes interceptèrent les arrivants.


« Halte, là !! Où qu’vous croyez aller, là ? » S’enquit il à leur attention.


« Je suis Opollan Brume de Feu, messager des Guetteurs et envoyé par André Morh pour voir votre capitaine au sujet de la mission qu’il a, il y a peu, accepté. Je me dois de le voir au plus vite. »


« Mouais…C’est toi qu’on a escorté, hein ?...Et bah, ça t’changera pas, on va t’escorter jusqu’à la tente du Cap’, toi et ta belle !! » Répondit le loup en ordonnant du menton son compagnon de guider les arrivants vers la tente de Malheur.


Au passage de l’elfe, bon nombre de têtes se tournèrent vers lui, accentuant le malaise de la jeune femme qui rougissait affreusement. Il lui semblait, à l’humaine, que la traversée dura, dura, dura, tant et si bien qu’elle n’osait pas lever les yeux vers ceux la dévisageant.


Enfin, le loup s’arrêta devant une tente où deux gardes en faction.


L’éclairé les fixa puis, sans un mot de plus, alla quérir le Capitaine, laissant le loup, les deux guetteurs en compagnie de « la Contrariante ».


Le temps pour la jeune femme lui parut, de nouveau, une éternité.

Alors que l'Eclairé rentrait dans la tente, les deux sergents en charge de la bleusaille, l'Adoubé et l'Illuminé, connus davantage pour leur compétence et leur autorité que pour leur pédagogie, croisèrent le regard des deux émissaires en sortant. Le capitaine les avait convoqué pour donner ses ordres de mission après avoir exposé la teneur de celle-ci aux deux sergents, en présence de la Flèche et du Conciliants, respectivement lieutenants de la Griffe et de la Meute.

Malheur avait pesté contre cet elfe qui avait chu dans les sabots d'un convoi de ravitaillement de la compagnie et qui puait les emmerdes à plein nez. Vétéran de la compagnie, il ne connaissait que trop bien cette odeur insidieuses qui ne se dévoila jamais très franchement mais dont on n'arrive pas à ce défaire ; l'odeur des ennuis. Et il ne s'y était pas trompé en perdant cinq recrues pendant l'escorte qu'il avait du assurer pour conduire l'elfe jusqu'à son "chef", afin de s'assurer le paiement du service rendu. En fait de service, il avait un peu forcé la main de l'elfe, mais considérant que sa vie avait été sauvée par la compagnie, il était ô combien redevable aux Loups d'Ostland. A vrai dire, il remerciait sa bonne étoile, probablement flattée avec ferveur part la Rêveuse qui semblait fréquemment jouer aux cartes autour d'un thé avec la "Chance". Celle-ci en profitait apparemment pour glisser quelques confidences et s'attirer la sympathie de cette Déesse volage qui le lui rendait, semblait-il, agréablement.

Bref, il était certain qu'au pays des cochons au groin d'or, certaines truffes dégagent une odeur suspecte malgré leur belle taille. Il n'avait pas à s'en plaindre dans la mesure où il avait été grassement remercié de quelques milliers de pièces d'or pour avoir raccompagné l'elfe au bercail, et plus encore pour avoir accepter la mission que lui avait confié le chef de ce dernier. Cependant il restait sur ses gardes, autant d'or cachait à coup sûr des emmerdes d'autant plus grandes, malgré l'apparente simplicité du travail à accomplir.

En ressortant de la tente, l'Eclairé invita d'un regard les deux émissaires à rentrer dans la tente du capitaine. Celui-ci, assis dans son fauteuil, ne pris pas la peine de se lever et désigna deux chaises de l'autre côté de son bureau où s'asseoir.

- "Vous avez faim ? Soif peut-être... ? Edhana... va leur chercher ce qu'il faut... " puis repris lorsque la gamine fut parti "...Je suppose que vous n'êtes pas là par courtoisie... j'écoute."

Le ton acerbe du Capitaine lâcha un léger sourire à Opollan Brume de feu tandis qu'il prenait place.


L'homme qui lui avait permis de retourner à Altdorf sain et sauf, l'homme qui dirigeait cette compagnie à qui le guetteur, le savait, devait sa vie, cet humain avait une prestance et une autorité qui, même pour un elfe, forcait le respect...Ou l'énervement, selon...


La jeune femme, intimidée, se contenta de s'assoir et, le rose aux joues, de tenter de bref regard vers le capitaine.


Et pourtant, c'est elle qui rit la parole en premier


"Bonjour Capitaine, notre bien aimé guide, André Morh, nous a demandé de voir auprès de votre personne si la mission que l'on vous avait imparti était lancée et si vous aviez, peut être, des résultats à nous donner." Lacha t'elle d'une traite, le rose virant au rouge.


Oollan ne put alors qu'enchainer, avant que Malheur ne puisse rétorquer: "Comprenez bien qu'il faut éviter que quelque chose n'arrive à ces guetteurs, il faut les mettre en garde au plus vite et récupérer leur carnet de bord, c'est primordial!!!"

Malheur, assis sur sa chaise, observa un instant les deux émissaires, d'un air absent. Puis, soutenant tour à tour le regard de la femme puis de l'elfe il leur répondit.

- "Et votre bien aimé guide vous a donné une lettre pour vous habiliter à recevoir mes informations ? Dit-il d'un air dénigrant, pour reprendre quasi aussitôt.

- "Parce que sans ça, vous pouvez reprendre vos canassons et filer droit à la capitale pour la chercher.... Mon client c'est votre vieux... et je ne rends de compte qu'à lui. Il paie, il reçoit... toi la gamine gironde..." désignant la femme "...t'as encore les joues roses d'une nuit agitée et apparemment t'as du mal à redescendre et si t'arrives à flatter la virilité des deux c'est tant mieux, mais même si t'as les lèvres plus soyeuse que du velours j'me contenterai au mieux de voir si tu cris fort... mais pour les informations, faudra me convaincre que Sigmar batifole avec les Dieux.... quant à toi..." désignant Opollan "...Il a déjà fallu t'escorter pour éviter que tu serves de menu à des sang-froid, alors dans le genre incapable qui se pose là, tu rivalises avec certains bleus sous mes ordres... et comme j'ai pas l'intention d'aller leur raconter nos petits secrets, je l'ai encore moins de te les dire."

Le capitaine passa sa main sur son bouc et le lissa quelques secondes avant de reprendre.

- "Quant à vos guetteurs... c'est pas une gamine dépucelée avant l'heure et un elfe qui joue les carpettes qui vont m'apprendre mon travail... votre vieux a été clair sur ce qu'il voulait... il l'aura."

C'est le moment que choisi Edhana pour revenir et proposer aux invités des mets, disposés sur un plateau garni de fromages, de morceaux de viande, de pains et de fruits frais, qu'elle déposa sur le bureau du capitaine pour aller chercher les boissons.

Après être sorti de la tente du capitaine, l'Illuminé et l'Adoubé discutèrent quelques minutes un peu à l'écart. Ils se séparèrent ensuite pour s'entretenir en privé avec respectivement la Torche et le Teigneux.

Mais ces échanges ne se terminèrent pas là puisqu'ils appelèrent alors quelques louveteaux et jeunes loups : le nouvellement arrivé "Petite Main", "Le Culotté" et "L'Orgueilleuse".

Et après seulement quelques heures, 3 petits groupes partirent du campement des Loups, accompagnés un moment par le bruit réguliers des impacts de hache sur les arbres entourant la zone.

Se dirigeant vers le Nord, ils firent route ensemble jusqu'au Pays des Trolls, où La Torche, Le Ruminant, le Larmoyant et Trois-Carré s'enfoncèrent dans la forêt alors que le reste de la Meute continuait sur la grande route.

Ce n'est qu'arrivé au Nordland que la Petite Meute se scinda une dernière fois : Le Teigneux pris la direction de Suderholm, un petit village de pêcheur, accompagné par La Goupille, l'Anguille et la Mioche.

Le groupe des sergents quant à lui, continua vers Grimmenhagen et ses terres agricoles.

Choppant de sa seule main valide une pomme, Opollan croqua dedans à pleine dent, un sourire ironique aux lèvres.


La jeune femme, quant à elle, ne put que se résoudre à baisser la tête, le rose de ses joues devenant cramoisi au fil de la tirade du Capitaine.


Et pourtant, contre tout attente, ce fut elle qui sortit la missive en question, la posant sur la table d'une main tremblante, sans oser poser son jolie regard azur, entravé du coté gauche par une longue frange lui cachant la moitié du minoi, sur Malheur.


"André Morh, notre guide et protecteur savait bien qu'un homme droit tel que vous demanderait des garanties quant à la légitimité de notre venue" Dit elle d'une voix douce, à peine un murmure face à la voix plus autoritaire du chef de la compagne.


"Je reconnais là votre délicat de façon de communiquer, Capitaine Malheur de la compagnie franche des Loups d'Ostland, et je me rejouie de voir que votre attitude ne change guère malgré notre intimité de ces derniers jours" Poursuivit Opollan, mastiquant le fruit entre deux mots "Vous serez donc heureux d'apprendre que notre bien aimé guide souhaite être informé de chaque nouvelle au plus vite et que nous devons, cette demoiselle et moi même, faire ce lien entre lui et vous. Nous passerons donc régulièrement pour savoir où en est cette mission de la plus haute importance que les guetteurs vous ont confiés, je vous en rappelle le caractère urgent!!"


La jeune femme leva la tête vers l'elfe, apparement peu joyeuse du ton que son ami osait employer à l'encontre d'un homme tel que Malheur. Elle en craignait sans doute de nouvelles remontrances de la part du mercenaire à la toison rousse.Il ne semblait pas être des plus patient et le malaise de la demoiselle empirait de secondes en secondes.

Citation :

A l'intention du Capitaine Malheur,

Capitaine,

Dans l'espoir d'avoir des renseignements au plus vite et afin de ne pas vous ennuyer avec la remontée d'information, je détache à cette tache mon assistante ainsi qu'un de mes guetteurs, que vous connaissez pour l'avoir escorté jusqu'à moi.

J'ai toute confiance en eux, je vous serez gré de leur confier la moindre nouvelle comme s'il s'agissait de moi même.

Respectueusement,

André Morh

*sceau de l'iris*

Malheur écouta l'elfe sans grande attention, davantage intéressé qu'il était, par le contenu de la missive que la demoiselle avait glissé sur son bureau. Après l'avoir parcouru de long en large deux ou trois fois, il la plia et la rangea dans l'une de ses serviettes en cuir.

- "T'as l'air bien pressé pour quelqu'un qui a failli passer l'arme à gauche la "Carpette"... Respire un bon coup et profite de la vie... La ptite dame que t'as emmené s'occupera de t'détendre j'espère, parce que je compte pas supporter ta frustration d'être un incapable bien longtemps... si t'es pas chargé de la mission, c'est qu'tes plus dans les bonnes grâces de votre Guide, qui considère que t'es à peine bon à escorter sa donzelle bien roulée... Alors tes conseils et tes remarques tu te les colles au cul et tu évites de la ramener..."

Il regarda tour à tour ses protecteurs avant de reprendre.

- "Y'a un village plus au nord... à moins d'un mille d'ici... vous y trouverez une auberge... J'veux pas vous avoir dans les pattes. Mes hommes vont vous y conduire."

Malheur fit signe à Parole d'Or de se charger de leur trouver un guide.

Le jour était tombé depuis quelques heures lorsque le groupe du Teigneux rentra dans le campement.

Les deux nains et les deux humaines étaient à pied bien que trainant derriere eux un cheval portant une cargaison bien ligottée sur le garrot.

La jeune fille avait les yeux brillants d'une mission menée à bien... A l'entrée du camp, elle fit signe à ses comparses avant de filer sans attendre dans l'une des tentes.

Et le lendemain, on la vit se lever encore plus de bonne heure que d'habitude pour rédiger avec application le compte rendu de la mission.

Ranulf aperçu le petit groupe qui revenait de mission, le dernier. Tous les Loups étaient rentrés au bercail, aucun perte, c'était déjà ça.

Cela faisait déjà un moment qu'une bonne nouvelle n'était pas arrivée au camp. Son propre groupe n'avait pu arriver à temps. Ils étaient rentrés les premiers, sans une égratignure, mais Ranulf n'avait pas vraiment le sourire aux lèvres. Cela ne lui arrivait jamais lorsqu'il rentrait de mission en ayant combattu...visiblement ce n'était pas le cas ici. Il était également rentré immédiatement dans sa tente, d'un pas lourd, les sourcils légèrement froncée, pensant déjà à la façon d'annoncer une mauvaise nouvelle.

Mais à présent, à la vue du regard d'Edana et de la cargaison, il semblait qu'une partie de la mission avait pu être accomplie au moins. Tout n'était pas forcément perdu...restait à savoir si la paye serait aussi conséquente...et si la confiance envers la Meute allait être gardée.

Ils étaient trois,…Trois guetteurs à retrouver, trois guetteurs à ramener, trois carnets de bords à livrer…


Trois et au final un seul été arrivé au campement des Loups d’Ostland, un seul..Ou plutôt une seule, âme égarée, perdue dans les méandres d’une folie destructrice, d’une gloutonnerie au paroxysme de l’horreur.


Elle avançait, là, à califourchon sur un cheval, devant le regard stupéfait de la meute, contemplant la déchéance humaine d’une jeune femme, jadis, peut être belle. A son passage, les mercenaires la fixaient, lâchant momentanément leur partie de dés, leur discussion, leur corvée pour river sur elle des yeux pourtant accoutumés aux affres de la guerre.


Et pourtant, nombreux détournèrent le regard de cette loque affublée d’une robe calamiteuse, d’une tenue crasseuse où se mêlait, dans une peinture abstraite, le vermeille du sang, le brun de la sueur, le verdâtre de nourriture avarié et le rose émietté de viande à peine mâchouillée. Son visage avait l’expression d’un animal affamé, mastiquant le tissu qui lui servait de bâillon, gesticulant des mains entravées par un cordage au bout desquels pendouillaient les restes de doigts, pour la plupart dévorés jusqu’aux phalanges. Ces moignons, parodie de main humaine, étaient encroutés de sang séché, de pue suintant à l’endroit où, jadis, existait index, annulaire et autre pouce.


Et, tandis que le cortège passait, les loups s’écartant sur son passage tel le bagnard se rendant à l’échafaud, la foule de badauds laissant place à la charrette du condamné, une question pouvait se poser…


Qu’en était-il des deux autres guetteurs ?


Qu’en était il, par exemple, de Gasmir Boehmrum, prénommé Azurin par son organisation ?


Ou encore de Derreck Astemar, appelé Ivoire par ses pairs ?


Ces réponses, quelques Loups les avaient, ceux là même qui avaient participé aux missions en questions…

Ce matin le temps est couvert. Un jour à rester chez soi et à garder les bêtes au sec. Un matin qu'on passerait bien au lit au chaud sous les couvertures. Bref, un matin pour les mercenaires. Le campement était déjà agité, chacun vaquait à ses tâches, ici les palefrenier s'occupaient des chevaux, des bleus s'entraînaient sous les ordres de quelques sergents, là-bas on briquait armes et armures. Et pendant ce temps là, le capitaine prenait du bon temps avec l'une de ses maîtresses. Il dormait peu et ses nuits étaient davantage consacré à l'administration de la compagnie, dans ses rapports et ses finances, la gestion des informations de ses diplomates et autres messagers. Alors, le matin était le moment privilégier pour se délasser.

C'est après son bain et avant de le déjeuner, qu'il reçu dans sa tente les deux "émissaires" de son employeur. Il leur exposa sans s'éparpiller dans les détails, les premiers résultats. Sur son bureau reposaient un carnet et une bague. Il expliqua qu'il avait renvoyé deux groupes pour approfondir les recherches et revenir avec des réponses plus convaincantes.

Cependant, devançant la suite des évènements, il demanda à la "demoiselle" ce que son maître qu'ils avaient la fâcheuse habitude de nommer leur "guide", attendait d'eux lorsqu'ils auraient trouvé les carnets et les bagues, ou du moins qu'ils aient tout fait pour s'assurer qu'à défaut de les ramener, ils soient certains qu'ils aient été détruits.

« Ca va ? »


Glycine….Atteinte de folie….


Azurin… Torturé jusqu’à son dernier soufflé…


La jeune femme demeurait la tête basse, son teint palissant à vu d’œil, tel un voile mortuaire déposé sur son joli minois, ses yeux bleu clair s’humidifiant, prête à verser une rivière de larmes sur la colline de ses joues.


« Ca va ? »


Que penserait André Morh de ces tristes nouvelles ? Que ferait leur guide dans de pareilles circonstances ? Les guetteurs méritaient ils de tels sévices ?


La tête lui tournait, une sueur moite, froide l’enveloppait doucement, main de la faucheuse caressant son visage. Elle ne savait que dire, que faire…


« Ca va ? » insista Opollan, lui posant une main se voulant rassurante sur l’épaule tandis que tous, dans la tente du Capitaine, la fixaient, s’attendant sans nul doute à la voir défaillir sous peu.


« O…Oui…je…désolé » S’excusa t’elle d’un murmure avant de reprendre: « Nous devons en informer notre guide de tout cela, nous devons ramener Glycine avec nous, nous devons…agir. Vous serait-il possible, Capitaine, de nous accompagner afin que vous expliquiez tout cela à André Morh ? Il aura réponse, je le sait, je le sens, il aura réponse à vos interrogations, nos interrogations »


Elle regarda Malheur, l’implorant silencieusement d’accepter sa requête.

Malheur observa la jeune femme qui pâlissait à vu d'oeil. Son regard semblait s'interroger sur la capacité de ces émissaires à oeuvrer dans une telle organisation qui se faisait champion d'un combat secret contre des comploteurs chaotiques. On aurait dit une pucelle à qui on racontait un viol en détail.

Il finit par revenir à la présente discussion après avoir laissé ses pensées vagabonder librement.

- "Vous accompagner... Maintenant qu'Altdorf est à côté ça me dérange moins... ceci-dit faudrait éviter de nous prendre pour vos fidèles protecteurs... nous ne sommes pas là pour jouer les gardes mioches. Si c'est une protection que vous voulez, il faudra payer comme toujours. Les dettes et les mercenaires ne font jamais bon ménage. Quant à parler avec votre "Guide", s'il est plus causant que vous, pourquoi pas..."

Il fini son verre d'eau de vie d'un trait.

- "Nous partirons demain à l'aube..."

Le déplacement jusqu'à Altdorf en compagnie des deux émissaires dudit "André Morh" qui se faisait appeler le "Guide", se déroula sans encombre à la surprise de Malheur qui se serait attendu à davantage d'ennuis. Pourtant, les trois missions menées par ses loups auraient pu laisser présager le contraire. L'insécurité devenait une composante omniprésente dans certains contrats, dès lors qu'on avait titillé d'un peu trop prêt la bête qui sommeille derrière les enjeux souvent plus grands qu'on ne veut bien l'admettre.

Le vieux renard accueillit malheur avec le même enthousiasme mesuré et probablement méfiant qu'à leur première rencontre. Il fallait dire qu'avec la défection fatale de certains de ses proches collaborateurs c'était contraint et forcé qu'il faisait appel à l'engeance la plus méprisable aux yeux de nombreuses gens, au travers ces mercenaires.

Ainsi, coupant court à toute forme de courtoisie malvenue et surfaite, Malheur résuma sans s'attarder, les deux expéditions qu'il avait organisé et les résultats obtenus. Par la même occasion, il lui livra la dénommée "Glycine", agent ramenée par les loups à leur campement, mais dans quel état ! Celle-ci frappée d'un cannibalisme effrayant, s'était déjà dévoré une partie de ses membres supérieurs et avait du être attachée et endormie pour être transportée jusqu'à Altdorf. Passée la réaction de son employeur, il pria ce dernier de lui donner davantage d'informations susceptibles de l'aider à progresser.

Là, dans un mystère propre à ce genre de groupuscule plus ou moins discret et compétent, le vieux renard d'André Morh invita tout le monde à sortir de la pièce, Malheur y comprit. Lorsque ce dernier fut invité à rentrer à nouveau dans la pièce par son hôte, il aperçu un dossier apparemment scellé que le vieux renard ouvrit en posant sa chevalière sur la couverture.

André Morh tira deux documents qu'il tendit à Malheur. Le premier était un rapport avare en information, sur les états de service du dénommé Derreck alias Ivoire, qui s'était enfui avant que le groupe mené par la Torche ne fut arrivé à sa maison.

Pendant que Malheur lisait le peu de contenu du rapport, le vieux renard lui expliqua à mi mot que l'explosion de la bicoque de Derreck, correspondait à leur protocole interne de retraite. Après avoir piégé sa maison, l'agent devait se rendre en un point de repli dont l'emplacement tenu secret n'est révélé qu'au travers le second document qui venait d'être remis au capitaine.

Loin de se réjouir, Malheur savait que s'il savait maintenant et avec précision où trouver l'agent, ses hommes n'en seraient probablement pas moins suivi et qu'il faudrait redoubler de vigilance et de discrétion pour semer d'éventuels pisteurs. Mais pis encore, il leur faudrait certainement échapper à des troupes probablement à la mesure de l'expédition qui s'en irait chercher le rescapé.

De retour au campement, il fit appeler la Torche et Trois Carré afin de leur donner leur ordre de mission.

Folie…


Que se passe-t-il vraiment dans l’esprit de ceux que l’on nomme « fous » ?
Comment les comprendre ou du moins tenter de les analyser sans jamais n’avoir vogué sur leur navire à la dérive, bien loin de ces terres que l’on nomme « Normalité », sans jamais n’avoir erré sur ces eaux inconnues où la déchéance est l’écume iodée de l’égaré mental ?


Comment soigner cette femme sans même prendre part à son voyage?


Attachée à son lit, des sangles de cuir lui entravant les mouvements, à défaut de retenir son mental dans notre monde, ancre glissant sur le fond sableux de la réalité ne pouvant empêcher le courant du délire à entrainer toujours plus à l’horizon le bateau de la raison.


Comment font ces médecins de l’Ordre des Guetteurs pour l’aider, l’assister et étudier le cannibalisme extrême dont elle a fait preuve, ses quelques phalanges rescapées témoignant au travers du pansement parsemé de taches écarlates de l’appétit féroce qu’elle fit acte. Eux, éternelles mouettes planant près du rivage se contentant de suivre la chaloupe et ne choppant dans son sillage que quelques poissons argentés, bien maigre pitance pour l’estomac de la curiosité, et elle, un morceau de bois dans la bouche pour éviter qu’elle ne mange sa propre langue, les yeux hagards, perdu dans une autre réalité, seule à la vigie de sa dérive…


Que dire aussi de cet homme, André Morh, grand Guide des Guetteurs, reclus dans sa paranoïa et pour le coup dans sa demeure, s’appuyant sur ses officiers pour toute tache extérieure, supervisant les opérations à distance, capitaine prostré dans sa cabine, laissant le gouvernail à son second et ne naviguant qu’au travers cartes et rapports, un hublot de 30 cm pour seule vision sur le port extérieur. ?


Et que dire alors de cet homme se proclamant un élu, lui, prisonnier maintenant de la compagnie des Loups d’Ostland, tel un clandestin dans la soute, se disant autochtone d’une terre promise ?


Et au final, si ce n’était pas ceux que nous pointons du doigt les fous mais bel et bien nous et notre vision étriquée du monde ?

Le pas lourd et le regard dur, l'Illuminé parcourut le campement, son lourd marteau posé sur son épaule gauche. Mais heureusement pour les louveteaux et les jeunes loups, ce n'est pas avec l'arme à deux mains qu'il frappa mais avec des mots, brefs mais incisifs.

Les noms des cibles semblaient être pris au hasard, après avoir posée son regard sur elle, ces quelques mots lui étaient destinée "Devant la tente de l'Illuminé, maintenant"

Le dernier mot n'était pas encore sorti de la bouche du sergent que le louveteau ou le jeune loup ne pouvait déjà plus voir que son dos... et la tête du marteau, surplombant l'épaule, semblant fixer la recrue, prête à l'embrasser au moindre retard...

"Trois-Carrés", "Le Bravache", "Le Funambule", *Le Culotté*, "Petite-Main" et "Le Borgne" furent ainsi pris à parti par le sergent, qui, après avoir fini de faire le tour du camp, retourna à sa tente, espérant bien trouver l'intégralité des recrues désignées devant elle.

[HRP] une reponse rp sur ce post et reponse a un sondage qui viendra ce soir

edit : lien pour le sondage :
https://lesloupsdostland.forumperso.com/hrp-et-si-on-causait-un-brin-f11/mission-ostland-enfants-apocalypse-version-2-le-retour-t475.htm
/HRP]

Ses affaires étaient prêtes depuis la dernière entrevue avec l'Illuminé. Sans attendre, il laissa la hache dans la réserve, épongea son visage avec une serviette humide et se dirigea vers la tente du sergent, prêt à exécuter immédiatement tous les ordres.

Lennard se dirigea d'un pas rapide vers la tente du sergent s'essuyant l'orbite vide de son œil manquant (Ces petites choses se salissent vite et quand on a le mauvais goût de ne pas le cacher, on doit donc s'en assurer de l'hygiène), les mains récurées de teinture qu'il avait appliquer sur sa tenue de tout les jours afin de plaire (Encore que plaire était un grand mot, dira-t-on plus simplement afin d'obéir au capitaine afin d'éviter d'autres rendez vous charmants dans sa tente).

Lorsqu'il arriva à l'endroit, il se conforma à l'apparence d'un soldat obéissant et ponctuel (Les reproches viendraient assez vite pour ne pas donner l'occasion d'y aller trop vite).

La petite main lança un regard vers l'illuminé, puis le regarda s'éloigner à la fin de son bref discours. Au bout de quelques secondes, il se leva en murmurant : "la pause est fini...".
Sans faire de détour, et d'un pas légèrement indolent, il se dirigea directement vers la tente du sergent

Les bleus ne restèrent guère de temps sous la tente du sergent. Comme certains avaient pu s'en douter, le groupe devait remplir une mission dans les prochains jours : ils devaient se tenir prêt à partir à tout moment. Aucun détail ne leur fut transmis par l'Illuminé, excepté que l'endroit où ils devraient se rendre se trouverait a plusieurs jours du campement, peut-être même a plus d'une semaine.

Le sergent leur ordonna aussi de s'entraîner à l'équitation : leur niveau sera en particulier évalué. Quelques jours avant la mission, une réunion aura lieu ou les détails de la mission seront divulguée. En attendant, les Bleus avaient leurs ordres.



[HRP] Dimanche soir donc, on se retrouve pour préparer la mission en jeu. Au cas ou mon ordi ne supporte pas trop on passera sous skype:) [/HRP]