Cinq heures du matin dans le petit village D’Erco, dans un petit vallon a quelques lieues de Reikland.
- Ah ils veulent me marier ! Et avec cet espèce d’empaffé en plus !
Une jeune fille d’une quinzaine d’année était en train de s’activer vivement à préparer un baluchon.
- Pantalons, chemises, culottes, or, casse-croûte, tout est prêt…adieu !
- Tu es bien sûre de ta décision ? dit une ombre penchée sur l’encolure de la porte
- Oui ! J’aurai voulu naître homme pour qu’on ne me traite pas de cette manière, je ne suis pas une gamine !L’ombre s’avança.
- Tu ES encore une gamine Falordelle !!! Dans une semaine je pars moi aussi apprendre la forge naine, nos parents n’auront plus que toi.
- Je reviendrai les voir quand je serais riche et puissante !!!
- Et moi tu viendras me voir à Karaz-A-Karak ?
- Bien sur !!! Elle sauta dans les bras de son frère esquissa une larme et repris, il faut que j’y aille.
- Prends mon cheval je te l’ai préparé, j’irais voir nos autres deux frères à Nordland à pied puis je m’en procurerai un la- bas.
- Merci !!!
- Allez file et n’oublie pas de passer me voir.
- Sans faute…Falordelle jeta un dernier regard sur le petit moulin familial. Que de bons souvenirs, elle esquissa une larme fit un geste amical à son frère et se mit au galop.
Après quelques semaines d’errance :
- Et tu servirais à quoi ???
- Je vous ferais la vaisselle, le ménage, à manger … je suis jeune je peux apprendre plus vite que n’importe qui, je vous assure…
- Tu as de la chance notre trapéziste s’est drôlement abîmée lors de notre dernier entraînement.
- Abîmée ?
- Morte, si tu préfères.
La jeune fille devint livide.
- Mais si tu veux trouver du travail ailleurs je ne te retiens pas.
- Si, si, fit-elle d’une voix hésitante
- Tu commence maintenant, va t’entraîner avec ton nouveau collègue.C’est ainsi que Falordellle commença dans le cirque. C’était un cirque modeste avec un petit chapiteau une centaine de places assises mais la bonne ambiance régnait entre les différents artistes. Le propriétaire était entraîneur, directeur, cuisinier. La troupe était jeune.
Falordelle se mit au travail tout de suite et montra un don particulier pour l’acrobatie et les numéros de jonglage. Son agilité lui permettait des prouesses applaudies par ses compagnons. Au bout de deux ans de travail Falordelle était membre complète du petit cirque itinérant avait son propre numéro, et vivait heureuse dans la troupe. La vie était dure mais la jeune fille se sentait utile et maître de son destin. Son compagnon de numéro, Jack et elle se rapprochaient de plus en plus, Falordelle était heureuse.
Un soir, autour du feu de camp après une représentation :
-Et si on allait chez les nains, dit Jack ?De grands rires suivirent sa déclaration
-Quoi qu’est ce que j’ai dit ?
-Pour aller chez les nains il faut traverser la Forêt d’Ostland réputée pour être infestée de peaux-vertes dit le directeur, et pour cela c’est trop dangereux pour nous. Malgré tout c’est une bonne idée d’aller divertir les boules barbues.
-Nous ne sommes pas des elfes nous savons nous défendre ! s’écria t’il.Six mois plus tard le cirque se dirigeait vers la forêt d’Ostland. A la lisière, le camp s’était installé en rond. Certains maudissaient le directeur pour cette décision, mais les nains étaient réputés pour leur goût des spectacles et de la fête. L’ambiance était à la bravoure et au final tout le monde décida de partir le lendemain à l’aube. Falordelle pensa alors à son frère qui sera surpris de la voir dans un cirque, souriait dans le dernier chariot et blaguait avec Terko le clown. Le voyage se passa sans encombres et le séjour chez les nains fut des très agréables. Néanmoins une nouvelle démoralisa les habitants et notre troupe. La guerre avait recommencée.
Un jeune nain, sûrement un éclaireur, parcourait la ville en hurlant la nouvelle sur à toute allure sur une étrange machine. Peu après un son lourd se mit à sonner dans toute la capitale.
Dans l’heure les grandes forges naines s’étaient mises à souffler, à hurler, à chauffer, la machine de guerre naine se remettait en marche.
La troupe flanait dans la ville à la recherche de souvenirs cocasses sans se soucier de ce qu’allait devenir le conflit généralisé le plus sanglant connu dans ce monde..
Obald, le plus jeune des trois frères de Falordelle apparut surchargé de lourds boucliers :
-Eh bien ça alors ! Si je m’attendais !!
-Tu as pas changé ! s’écria la jeune fille
-Toi si ! Tu es magnifique, alors qu’est ce que tu deviens ?Falordelle lui raconta tout, le cirque, sa nouvelle famille, ses performances sa nouvelle vie ils se cachèrent dans un coin sombre de la cité (les contremaîtres nains étaient connus pour avoir le fouet facile surtout en temps de guerre).
Obald fut ébahi et méfiant à la fois il fronça les sourcils et dit :
- Nos deux frères ont bien changés, l’un d’eux est ici, Jorgond, il cherche tous les humains pour les rapatrier vers l’empire, une nouvelle campagne a-t-il dit. Il fait surtout parti d’un nouveau groupe, une guilde comme il appelle ça, très raciste et contre le cosmopolitisme de notre alliance. Chut le voila !Falordelle eut du mal à le reconnaître, il était encapuchonné dans une cape de voyageur qui laissait apparaître son armure flamboyante sa longue épée traînait sur le sol et il fit une moue grimaçante à la vue de son frère et de sa sœur.
- Tiens donc, quelle coïncidence … que le monde est petit.
Les retrouvailles furent tendues les deux frères se dévisagèrent.
Obald lui chuchota :
- Ne lui dit rien pour le cirque.
-Vous n’êtes pas sans savoir que tous les humains doivent rentrer dans le royaume. Les nains font de piètres alliés, ils sont tous juste à la taille des gobelins, quand aux orcs …. Ils se débrouillent pas mal contre eux en leur passant sous les jambes. Je vous conseille de rentrer chez vous l’empire commence à réunir ses forces…
- Laisse nous hors de tes magouilles… nous sommes encore libres de faire ce que nous voulons dit Obald, ça ne te fait rien de retrouver ta famille ? Ta maudite cause t’éblouit.
- Alors … vous n’êtes pas au courant… le Chaos organise des raids depuis quelques jours beaucoup de nos hommes sont portés disparus…dont notre frère parti en reconnaissance, tout ses compagnons d’armes ont été retrouvés morts sauf lui. Il s’appuya contre le mur se laissa glisser pour se retrouver en tailleur le regard vide. Et c’est moi qui l’ai envoyé à leur tête.La petite famille observa un long silence, que Falordelle rompu.
- Nous le retrouverons !
- Peine perdue ! Rentrez chez vous, je m’en occuperai moi-même.Après des adieux très solennels et froids Obald et Falordelle prirent congé de leur frère qui était déjà en train de dégainer son épée après qu’un nain ait marché sur le pan de sa cape.
- Je l’ai trouvé…
- Complètement zélé et inconscient, évite le lui et ses compagnons, ils sont plus fous les uns que les autres.Le cirque ne fit aucun numéro chez les nains les circonstances n’étaient pas à la fête. Obald fit cadeau à Falordelle d’une dague Gobeline et se dirent adieu.
- Tu reviendras ?
- Promis ! Elle esquissa une petite larme.Ne restons pas là dit le Directeur, il est temps de rentrer chez nous. Je ne veux pas être pris entre deux feux, nous ne sommes pas des soldats encore moins des nains.
De retour sur les terres de l’empire la nouvelle arriva vite aux oreilles de la troupe, les nains n’étaient pas les seuls touchés, des rumeurs confirmaient les dires du frère de Falordelle. Des mouvements de troupes du chaos font des ravages à l’Est l’économie de guerre était décidée ici aussi.
Le cirque se vit confisqué ses chevaux. La vie devenait de plus en plus dure. Les prix augmentaient, le blé manquait, beaucoup de villages furent désertés. Les populations craignaient de plus en plus la guerre dans cette région. La troupe devint nostalgique du temps passé, le chapiteau réunissait de moins en moins de monde les temps étaient durs.
Falordelle a alors 21 ans, équilibriste confirmée, l’acrobatie n’avait plus de secret, dès lors elle décida de se lancer dans des numéros spectaculaires avec Jack son partenaire équilibriste pour épater le peu de public qui continuait à venir. Ils inventèrent un numéro acrobatique lié à la pratique de l’escrime et du lancer d’armes blanches.
Un soir que Jack et Falordelle discutaient au coin du feu, celui-ci lui lança :
- Tu es au courant du dernier bruit qui court ?
- Non.
- Une loi qui obligerait tous les hommes à rejoindre l’armée.
- Mais non tu rêves … qui s’intéresserait à des gens comme nous ?
- Tu te rends pas compte de notre potentiel ? Nous sommes tous jeunes, avec un don particulier, nous l’agilité, le directeur par sa force, les magiciens par leur affinité avec les arcanes…
- Si c’est vrai alors nous résisterons !
- Ils punissent sévèrement ceux qui refusent il parait que certains sont même exécutés.
- Pfff sacré Sigmar…Le directeur arriva et montra une affiche qu’il avait arrachée dans le village le plus proche aux derniers éveillés :
- Citation :
- « Au nom de l'Empereur Karl Franz, il a été décrété dans toutes les terres humaines que tous les résidents de l'Empire devront participer à l'effort de guerre et la participation à celle-ci est rendue obligatoire.
Tout homme n’ayant aucune activité contribuant à l’effort de guerre, ou au ravitaillement des cités ou n’appartenant pas à une guilde guerrière ou se revendiquant comme tel se voit, par l’application de cet édit enrôlé dans l’armée régulière. Chaque homme devra se présenter au plus vite au bureau de recrutement de la ville la plus proche pour se voir attribuer son équipement et son affectation.
De plus tout mendiant, saltimbanque, itinérant, nomade, ermite, voyageur, colporteur et autres gens du voyage homme ou femme, ne servant pas au commerce ni à l’effort de guerre et vagabondant dans l’empire est affecté dans l’armée du Nord contre notre ennemi naturel.
Toute résistance sera considérée comme rébellion et punie comme tel, le recrutement est donné à la grande guilde des Princes de Sang l’usage de la violence leur est autorisé, il en va du salut public. »
POUR SIGMAR ET L'EMPIRE.
Falordelle garda pour elle le fait que la guilde citée dans l’édit était celle de son frère.
Ce soir était un soir comme les autres. Après avoir pris un léger déjeuner Falordelle et Jack se lancèrent sur la scène. Tous deux équipés de deux rapières, ils mimaient un combat rapproché, tantôt sur un fil, tantôt sur le sol, mélangeant escrime et gymnastique, ensuite venait le numéro de lancer de dagues ou chacun son tour ils envoyèrent, dagues, coutelas, vers des cibles avec une parfaite dextérité. Falordelle vit dans le public comme un éclair son frère encapuchonné, ce qui lui fit perdre le fil, Jack manqua de l’éborgner en lançant une dague. L’orchestre arrêta de jouer. Des bruits de cliquetis se firent entendre dehors.
Jorgond se leva, enleva sa capuche et se déplaça au milieu de la scène. Il tira son épée, et sortit un parchemin qu’il montra aux membres du cirque qui étaient désormais tous autour de lui.
- Vous savez ce que ça veut dire, dirigez vous vers la sortie, des chariots vous attendent.Jack sortit du rang :
- Vous n’avez pas le droit nous ne voulons pas… aussitôt Jorgond l’assomma du plat de son épée.
- Et dans le calme !Plusieurs chevaliers avec une armure pourpre entrèrent sous le chapiteau.
Tout se passa très vite, un des mages lança un scintillement de givre qui éblouit tout le chapiteau
- COURREZ ! Dans la foule les chevaliers, épées tirées chargèrent la troupe. La rapidité du combat fut surprenante les forains se retrouvèrent tous enchaînés.
Falordelle avait stupéfié un chevalier et réussit à gravir au sommet du chapiteau.
Elle courut aussi vite qu’elle le pu jusqu’à la ville la plus proche. Il était tard il lui fallait un lit, un toit quelqu’un à qui parler.
Tout s’était passé trop vite, des images revenaient sans cesse dans sa tête, Falordelle s’imaginait encore d’autres issues aux évènements de la veille, mais c’était finit, le cirque ses amis, encore une fois elle se retrouvait seule dans cette ville froide et déserte. Dans l’après midi Falordelle arracha une annonce faite à la main elle la lit rapidement.
-Hum…taverne de Wolfenburg…après tout…et puis…pourquoi pas ?16 Heure, un mois de novembre pluvieux, le soleil qui commence à cacher ses rayons pour laisser le froid s’emparer de la Cité.
Toc Toc Toc !!! Une voix d’homme répondit :
- Oui ?
- Bonjour dit la jeune femme d’une voix hésitante, je peux ?
- Allez-y entrez donc.