Soror Hildegarde von Untern [Validé]

Le visage et les mains sales, des petites branches et des feuilles encore prises dans sa longue cape, sa tunique en cuir lacérée de toutes parts, la jeune femme qui entre dans la taverne des loups semble sortie tout droit d’un long voyage et de nuits passées à dormir dans les forêts et sur le rebord des chemins. Des yeux clairs comme l’eau des rochers, le front entièrement rasé n’arborant qu’une croix sigmarite couleur carmin sur le front, son sourire gène et ses traits fins agacent. Trois soldats escortent cette jeune femme trouvée tôt ce matin dans un fourré, visiblement un peu trop près du campement de la compagnie.

Le sergent-recruteur au fond de la salle jette un regard curieux à cette équipée incongrue puis revient à ce qu’il l’intéresse au premier chef, sa platrée de pigeons grillés en sauce. Les soldats se mettent au comptoir, l’un d’eux s’approche du sergent et lui indique à voix basse, un revers de main cachant ses salamalecs, qu’elle tient à rencontrer le recruteur mais qu’elle ressemble plus à une demeurée qu’à aut’chose, et qu’elle trainait près du campement sans trop savoir où elle était…

Après avoir sucé et rongé chaque os du corps de chaque pigeon - et au vu de la taille ridicule des pigeons, c’est un vrai travail d’orfêvre – le sergent s’envoie une bonne rasade de bière et chique un mollard de la taille d’un poing aux pieds de la jeune femme qui attend patiemment. Le visage du sergent-recruteur ressemble à un champ de bataille, des gouttes de sauce dégoulinent, tel du sang, le long de sa barbe et imbibent le col de sa chemise crasseuse. Des bouts d’os et de viande se mêlent à ses poils et une odeur nauséabonde s’échappe de la bouche entrouverte du sergent, soucieux de curer ses chicots à l’aide d’une dague malpropre. Après avoir observé la jeune femme des pieds à la tête, le sergent s’exclame :

« Si t’attends qu’j’te tire la chaise tu peux dégager du plancher, la bouseuse… tu m’déranges… j’termine mon plat préféré… »

La jeune femme s’avance vers la table du sergent-recruteur.
- « Sœur Hildegarde, pour vous servir »

- « Et c’est qui t’donne droit d’faire la corbineuse près du campement ? Nous, les furetons et les tire-laines, on les tranche ! c’est clair ? T’es là pour quoi ? Cause vite, ta gueule me fout la gerbe, ça va m’couper l’envie d’boire et d’m’accoupler avec la Brunhylde… »

L’enthousiasme de la jeune femme semble imperturbable. Les soiffards assis aux alentours s’attardent sur sa silhouette et ne mesurent sans doute pas la folie qui danse dans ses yeux. Elle prend une longue inspiration. Sa diction est précise et ciselée, sa main droite tremble légèrement à l’évocation du grand oeuvre :

- « Je suis envoyée de Sigmar, O gloire à toi, Sigmar. Le grand chef des loups Malheur doit m’absoudre de tous mes péchés, Gloire à toi Sigmar, je veux être une louve, l’une des vôtres et prier pour qu’Il me montre le chemin de la rédemption… Elperz Ol dilelpf salvar ».

Le sergent, le bock de bière à la main, recrache la lampée qu’il venait d’avaler et écarquille les yeux.

- « Mais qu’est-ce tu baragouines ? tu veux finir au bûcher la culverte ? si tu crois que tu peux d’venir mercenaire et parler du Pitaine com’ça ? T’as vu des ladres et des bécartes dans le coin ? On r’crute pas chez les coquillardes ici, surtout quand elles puent la vase »


La jeune femme ferme les yeux, inspire à nouveau profondément et prononce ses phrases avec plus d’insistance.

- « JE VEUX VOUS REJOINDRE, MA MISSION EST AUPRES DE VOUS, CAR SIGMAR ME GUIDE, UPEHL HIR SIGMARIOUN »

Le sergent écrase le poing sur la table et fait voler en éclat la carcasse d’un pigeon, des os volètent aux alentours.

- « PUTEVIERGE ! Mais t’as pas encore compris ma sœur ? t’m’parles pas sur ce ton, sinon c’pas d’la béatitude qu’t’vas prendre sur le coin de la gueule mais un gros coup de braquemard ! Oui, et ç’va’tchanger d’ton train-train de pucelle des moutiers, ça, j’peux t’l’assurer !

Des rires et des gloussements fusent parmi la soldatesque présente dans la taverne. Le sergent, content de sa répartie et de ses jurons se lève vers le comptoir, porte sa main à ses couillons comme pour montrer à l’assemblée qu’il en a. Il revient à sa table avec un bock de bière dégoulinant de mousse.

Le visage de Sœur Hildegarde se raidit progressivement, elle serre les dents et fixe le sergent droit dans les yeux.

- « Et t’as appris quoi dans ton bénitier ? A perdr’ton temps à lire des livres ? A ronfler et à bouffer au frais de la gueusaille qui travaille toute la journée ? Ah bah tu peux y retourner ! ça nous fera de l’air. Et me parle pas plus d’t’bondieuseries à la noix, Sigmar machin, Sigmar mes couillons, les pénitents qu’on perdu l’esme, j’ai qu’une seule envie, c’est d’leur faire bouffer leur missel, page par page ! »

La jeune femme prend un ton sec et prononce distinctement chaque syllabe :

- « Je sais me battre, je sais soigner les blessés et je sais lire oui, et je n’ai pas à en rougir. Votre cœur serait sans doute plus léger et votre langue moins perfide si vous saviez lire. Mais ce n’est pas de votre faute. Sainte Magda a dit : « Les innocents dorment au pays de l’ombre et la lumière de la foi, dans son infinie bonté, les attend doucem…. ».


- « TA GUEUUUUUULLLLE, La pucelle ! mais c’est pas vrai, dès qu’on lui laisse un temps mort, vas-y qu’j’te pompe le dard avec tes phrases alambiquées, vas-y que j’t’donne des tirades comme à l’office. Et tu crois qu’tu vas m’convaincre avec ça… ?


Les gars du comptoir se demandaient vraiment si le sergent allait passer ses nerfs sur Hildegarde ou lui envoyer une torgnole. Il était vraisemblablement plus tendu qu’à l’habitude. Son visage se tordait en un rictus à chaque fin de phrase. Quelque chose le dérangeait, l’agaçait, l’énervait et il ne savait pas quoi. La présence de cette putevierge au regard impassible qui parlait comme une sainte ? Il pensait surtout au fait qu’il l’aurait bien défouraillé derrière l’auberge pour lui montrer l’illumination. Peut-être était-ce, plus simplement, la douzième bière qui commencait à lui monter dans le nez.


- « Y’a des verrues dans l’coin qu’j’ai plus de raison d’engager qu’toi. Quand on s’engage chez nous c’est pour la vie… MBrrrraaaa… (rot bruyant du sergent)….
C’est pas pour les paumées dans ton genre…. BREUUUUUU… (deuxième rot plus gras du sergent suivi d’un crachat dont la moitié reste pendu à la bouche du lanceur)
Si t’es là pour chialer ton Sigmar et nous briser les couillons tout’la journée, t’peux d’casser d’là en priant… ah oui en priant très fort que j’te refasse pas les dents. Tu piges la petite histoire ? Alors comment tu vois ton futur chez nous si jamais on estime que ta carcasse peut y v’nir y prendre des coups ? »[/b]

[b]- "J'obéirai aux ordres, sergent, je ferai ce qu'on me dira de faire, sergent, je ferai les tâches ménagères, sergent, je me battrai jusqu'à la mort pour le capitaine et sa compagnie, sergent et Si...".


« Ca va, c'est bon, laisse nous au moins un endroit où t’faire appeler si l’Capitaine il est intéressé par toi, enfin, bon, vu le morceau et vu la capacité qu't'as à nous péter les soufflantes, t'fait pas d'illusion... »

A voix basse, elle récite de courts psaumes lancinants entêtants puis elle s’arrête, fouille dans son aumonière et en sort une lettre, scellée à la cire, qu’elle lui tend. Les yeux de la jeune sœur sont toujours écarquillés et son teint semble être de plus en plus pale.

- « Je reste dans ce village aussi longtemps que cela sera nécessaire, sergent. Pourriez-vous transmettre ceci à votre chef ?

Le sergent prit la lettre et essuya sa morve dégoulinante sur sa manche. Il était fatigué visiblement et décida de se requinquer en commandant une nouvelle bière. La jeune femme fit un signe de tête au sergent et repartit dans le sens inverse vers le comptoir pour commander un grand verre d'eau fraîche. Le tavernier lui rit à la figure et l'envoya balader. Elle se contenta de porter sa gourde vide à sa bouche et de boire les quelques gouttes restantes, les yeux dans le vide.

-"Par chance, il me reste quelques gouttes" pensa-t-elle "Merci O grand Sigmar de ta pitié et de ta compassion".

Bah plus ridicule comme pseudo ! Insignifiant ! non mais, vous sous-estimez la grandeur de SIGMAAAAAAAAR

Je ne suis qu'une poussière, un rien, une chiure de drosophile, gniaarrrrrk

Très appréciable session de RP en tout cas (même que le Pitaine il m'a montré son gros calibre, si si j'vous jure...)

[HRP ON]

Soror dite "l'Insignifiante" a officiellement passé sa période d'essai chez les Loups d'Ostland et accède au rang de "jeune louve".

Comme dirait Malheur ; "T'as pas beaucoup plus le droit d'ouvrir ta gueule, mais t'as le droit de poser des questions, du moment que c'est à bon escient !"

[HRP OFF]