BG - Valnor Orralion

Histoire de Valnor Orralion, Lion Blanc de Chrace


Dame Davandrel ne voulait pas faire ce voyage. Mais le roi avait été formel : elle devait aller à la rencontre des communautés elfes du Vieux Monde et s'assurer de leur soutien dans les sombres évènements qui s'annonçaient.

Toutefois, son état ne favorisait pas une telle entreprise. Mais l'héritier de Caledor était resté intransigeant, et, malgré le fait qu'elle soit sur le point d'accoucher, il était de son devoir d'accomplir sa mission.

Dans d'autres circonstances, feu son mari, sir Farnoth, fier chevalier dragon tombé au champ d'honneur, se serait opposé à cette décision et aurait obtenu l'oreille du roi. Mais une veuve de petite noblesse qui voulait garder son rang devait consentir certains sacrifices.

Ainsi, escorter de ses gens, du plus fidèle garde Lion Blanc du roi et de son jeune lion récemment apprivoisé, elle était partie se perdre dans les forêts de l'Empire des hommes.

Le voyage fut long et difficile. Dame Davandrel, épuisée, accoucha de son premier enfant, un fils, dans une petite clairière de la forêt de Drakwald, au beau milieu du Middenland.

Depuis plusieurs jours, la troupe se savait observée et suivie. Est-ce la naissance de l'enfant qui donna assez de courage à ces créatures pour attaquer ? Nul ne le saura jamais. A peine quelques heures après l'accouchement, à la tombée de la nuit, le campement fut sauvagement attaqué par une meute de créatures mi homme mi bête.

La troupe repoussa la première vague puis la deuxième. Au cours du troisième assaut, les gardes, épuisés, subirent de lourdes pertes. Toutefois, le cœur du campement restait préservé, le Lion Blanc et son fougueux félin déchiquetant quiconque traversait les lignes de défenses et s'approchait de sa protégée et de son enfant.

Lors du quatrième assaut, alors que la volonté des hommes bêtes semblaient fléchir et que les elfes entrevoyaient un espoir de victoire, une volée de flèches provenant des profondeurs de la forêt vînt transpercer les malheureux défenseurs. Dame Davandrel fut terrassée, empalée par plusieurs projectiles la visant elle et son fils. Ce dernier fut épargné, protégé par le corps de sa mère qu'elle avait enroulé tel un bouclier autour de lui. De rage, le Lion Blanc ordonna a son félin de protéger l'enfant, puis, avec les survivants, chargea en direction de la volée de flèche. Ils ne revinrent jamais.

L'enfant et son gardien aurait dû mourir cette nuit là, mais le sort en avait décidé autrement. Au petit matin, une troupe de mercenaire commandée par un étrange duo homme et nain, atteignit la clairière et constata le massacre. Ils trouvèrent le nouveau né, affamé et braillant, ainsi que son lion, blessé et entouré de cadavres d'hommes bêtes et de loups, feulant contre quiconque s'approchait de son protégé.

Après maintes tentatives, le nain parvînt à amadouer le lion et récupéra l'enfant. Des soins furent prodigués à l'animal et la troupe reprit sa route avec deux nouveaux membres. Le félin ne quitta jamais plus l'enfant.

Il est curieux qu'une troupe de mercenaire recueille un nouveau né. Ce n'est guère un milieu très stable pour élever un enfant, et les hommes qui vivent de la guerre ne s'attachent pas facilement. Il est d'autant plus curieux que ce soit le nain, un tueur fou furieux, déshonoré, rejeté par son clan et cherchant le salut dans une mort violente, qui adopta le petit elfe.
C'est en compagnie de cette étrange troupe, avec comme père adoptif un nain suicidaire du nom de Storri, que le fils de Dame Davandrel devait grandir, sans jamais rien savoir de ses origines. Son tuteur lui donna le seul nom elfe qui avait de la valeur pour lui, Valnor Orralion, d'après le nom d'un vagabond du Vieux Monde au côté duquel il avait combattu autrefois, et qui était mort après une violente rixe de taverne.

Storri dut trouvé en Valnor le moyen d'expier ses fautes car, plus le temps passait, plus ce nain sanguinaire se pacifiait. Il apprit à son fils tout ce qu'il fallait savoir pour survivre dans le Vieux Monde : il lui enseigna le maniement de la hache, la lecture et l'ecriture du reikspiel, du khazalid, quelques notions d'eltharin, comment se battre avec fureur sans jamais penser aux conséquences et toujours faire face, quoiqu'il arrive.

Valnor était un très bon élève et apprit vite. Toute la compagnie l'adopta rapidement et il participa aux batailles très jeune. Son lion ne le quittait jamais, toujours à protéger ses arrières, temporisant ses ardeurs quelque fois, mais toujours présent.

La troupe se renomma même, en l'honneur de leur mascotte, les Lions de Storri, le tueur nain ayant finalement complètement remplacé le capitaine de la compagnie, mort au cours d'une campagne dans l'est de l'Empire.

Mais la compagnie a connu sa dernière campagne il y a peu. Alors qu'elle participait à une grande bataille pour reprendre les terres perdues dans le nord, elle fut isolée du reste de l'armée par une habile manœuvre du général ennemi. Débordée et en sous nombre, la compagnie chargea héroïquement mais futilement les lignes ennemis et fut massacrée. Peu avant, sentant le vent tourné, Storri, soucieux de préserver la vie de son protégé, avait envoyé Valnor en estafette, prévenir le général impérial d'un possible débordement. Ce dernier, naïf, avait accompli sa mission avant de comprendre les dernières paroles de son père, sonnant comme des adieux.

Il accompagnait les renforts envoyés par l'Empire mais arriva trop tard. Le Chaos débordait déjà l'armée impériale et l'ordre du repli fut donné. Avide de vengeance et révolté par la couardise des soldats impériaux, Valnor chargea seul, faisant face comme son père lui avait appris. Il serait mort seul et inutilement si son lion ne lui avait pas sauté dessus, assommé on ne sait trop comment, et ramener au camp de l'Empire tel un lionceau un peu trop fougueux.

A son réveil, perdu et sans famille, Valnor partit errer sur les routes, sans but. Il tenta de chasser son lion, l'accusant de lui avoir refusé une mort digne avec les siens, mais ce dernier, fidèle et impassible restait à ses côtés.

C'est alors qu'au hasard des routes, il entendit parler d'une compagnie mercenaire, les Loups d'Ostland, qui recrutait des hommes en prévision des nombreuses batailles à venir. Et c'est plein d'espoir qu'il partit à leur rencontre.