Ce petit message vise donc à présenter le background « étoffé » d’Henkling, comme le demande le petit canon du recrutement présent sur le site. Paradoxalement, ce background est fort peu étoffé et pour ainsi dire très maigrement habillé. Ceci n’est pas dû à une plume paresseuse, et j’espère que vous ne douterez pas (trop) de ma motivation à entrer dans la guilde et à participer activement à sa vie. Au contraire, il s’agit d’un parti pris qui cherche à intégrer totalement le personnage d’Henkling dans la guilde dans une sorte de relation fusionnelle. La construction d’un background fouillé et complexe est très amusante en terme d’écriture, et je m’y étais essayé dans divers MMORPG avant Warhammer. Un tel background conditionne cependant grandement le comportement d’un personnage, et rend difficile les évolutions ou les changements radicaux (et crédibles) de personnalité au cours du jeu. Avec Henkling, le but avoué est de lancer une pierre informe dans la guilde, et de faire en sorte que le RP de guilde la modèle petit à petit. En somme, il s’agit de créer un personnage totalement ouvert en terme d’évolution, mais centré sur la guilde avec une implication totale dans celle-ci.
Ainsi donc, Henkling vient à vous sans histoire définie ; ou tout du moins celle-ci est-elle floue, et Henkling lui-même serait bien embêté s’il lui fallait la raconter en détail. Tout au plus sait-on qu’il est né du côté de Vogelsang, en Ostland. Si l’histoire de son enfance est confuse, le bonhomme présente cependant certains traits caractéristiques. Ainsi, est-il perçu dans sa région comme totalement idiot, alors qu’il est plutôt un « non-sachant » en réalité. Sans éducation, l’homme ne s’élève pas bien plus haut que la bête, et la famille d’Henkling (le pauvre en a oublié leur nom) s’est montré fort avare de ce côté là, alors que le pauvre garçon avait des facultés de raisonnement conformes aux standards de son temps. Son surnom, l’Epouvantail, n’est pas usurpé, lui, et la nature s’est montré ingrate avec la pauvre âme. Quatre brins de paille collés contre une mince planche en bois, un visage oblong et maladroitement dégrossi ; ce n’est pas tant qu’Henkling ressemble à un épouvantail ; c’est plutôt que les concepteurs d’épouvantail on une fâcheuse tendance à imiter la morphologie d’Henkling. Heureusement, les canons de l’esthétique lui sont complètement inconnus, et Henkling ne se soucie guère de son apparence.
Sans éducation, Henkling s’en remet donc à l’instinct, et la force évocatrice de cette dernière le subjugue au point qu’il le personnifie comme une sorte de déesse qu’il appelle sa Belle. Cette Belle guide la plupart de ses actes, et c’est d’elle qu’il tient ses rares enseignements. Le plus insolite de ceux-ci est certainement le suivant : Ce qui bouge change, et ce qui change est potentiellement dangereux. L’immobilité est sécurité. Un esprit développé prendrait bien sûr ces affirmations pour des niaiseries simplistes, mais de l’esprit embrumé d’Henkling s’en est dégagé un curieux corollaire : il est préférable de s’entourer d’amis inanimés que de compagnons dangereusement mouvants. Nul ne sait exactement quand Henkling a débuté ses longues conversations avec des objets ou végétaux de toute sorte (chaises, arbres, vases, boutons de porte), mais une chose est sûre, il les porte en grande considération et semble déceler chez eux des traits assimilables à un langage propre. Aussi est-ce avec le plus grand sérieux que l’Epouvantail converse, rit ou se dispute avec un lampion, un toit de chaume, ou l’abreuvoir défoncé qui gît devant une auberge.
Une seconde proposition de sa Belle mérite qu’on s’y attarde, car ses implications sont grandes : ce qui cherche à te nuire est mauvais, ce qui garantit ta sécurité est bon. Qu’on se le dise, Henkling a une conception très personnel du bien, du mal, et de la morale. Un vol, une agression, un meurtre n’ont pas pour lui de valeur morale intrinsèque. Bien sûr, Henkling a rarement volé, ne s’est jamais battu qu’avec des chaises (les bougresses l’ont renversé une fois, et il s’en méfie depuis, leur quatre pieds sont bien trop mobile), et n’a jamais tué personne. Mais il semble improbable que de tels actes conduisent chez lui à la naissance de ce que d’aucuns appelleraient une mauvaise conscience.
Enfin, les clients de la taverne de Wolfenburg l’ont remarqué, Henkling dispose paradoxalement de dons sérieux en magie. On aurait pu croire que la sorcellerie était réservée aux intelligences supérieures, férues de savoir, sans cesse plongées dans d’obscurs ouvrages. L’instinct d’Henkling, son écoute particulière de l’environnement ont pourtant développé chez lui une ressenti primitif des éléments magiques, et notamment du feu, esprit surnaturel qui de l’animé à partir de substance inanimée. Dans la combustion réside le secret du monde ! Voilà une troisième proposition de la Belle. Evidemment, il ne maîtrise guère l’ensemble du processus, qui se manifeste donc involontairement lors de grandes colères ou d’événements suscitant une excitation particulière. Lorsque son don apparaît, pourtant, il lui semble qu’enflammer une table ou créer une lumière vive avec sa main sont autant d’indice de la magnificence de sa Belle, et tout cela lui semble parfaitement naturel. Ce don fait de lui quelqu’un de paradoxalement dangereux, malgré son peu de jugeote.
La Fortune seule sait si Henkling saura un jour maîtriser son don. La Fortune seule sait si Henkling se détachera un jour de ces conversations passionnées avec des objets inanimés ou encore s’il se découvrira une conscience. La Fortune seule sait si Henkling quittera un jour sa Belle sauvage pour cette Dame raffinée qui porte le nom de Raison. Une chose est certaine ; après la rencontre fortuite d’un mercenaire au discours simple et beau (nul ne sait exactement ce qu’ils se sont dit, mais le mercenaire en question est unanimement reconnu dans l’Empire pour être le plus grand bonimenteur de sa génération), lui et sa Belle se sont pris d’amour pour le mercenariat, et les Loups d’Ostland évoquent pour lui la sécurité, donc le Bien, donc la marche à suivre, et il se sent le besoin impérieux de lier son destin à cette compagnie, de la servir avec loyauté et obéissance, et d’en ressortir plus glorieux, plus riche, et plus souriant. S’il se méfie viscéralement des hommes (trop mouvants à son goût), sa Belle le pousse cette fois vers eux, et il en est pour le moins troublé. La suite de l’histoire reste à écrire.