Ranulf "Brise'Os" - [Validé]

La veille, des Loups avaient échangés quelques mots sur le retour de "Brise'Os". Apparemment, un pigeon avait apporté un message du temple d'Ulric de Middenheim. Ranulf avait profité de la permission pour s'y faire soigner. Il avait été gravement blessé lors de la dernière mission. Un coup de masse pris de plein fouet avait complètement enfoncé son coté gauche, bras et côtes fracassés. Des paris avaient d'ailleurs commencé à tourner, concernant son rétablissement, l'usage de son bras droit.

Ranulf rentra dans le bâtiment, vêtu comme à l’accoutumée de sa robe et de son armure. Son bras droit, en angle droit, était maintenu contre son torse par une écharpe blanche. De sa main gauche, il referma la porte, occultant le ciel gris, légèrement rougeoyant à l’horizon : l’aube n’était pas encore arrivée. Balayant la pièce du regard, il ne vit que le sergent recruteur parmi les client, attablés au fond de la salle, la porte bien en ligne de mire.

Le prêtre-guerrier se dirigea vers lui et lui lança :
- «Celui-ci peut s’asseoir près du chercheur de louveteaux pour partager le repas du matin ? »

Occupé à se curer les ongles avec un couteau, sans lever la tête, le sergent répondit.
- « J’les cherche pas Brise’Os, s’fait vingt fois que j’te ‘l dit. C’est eux qui viennent…M’en pass’rait bien moi ! Vas y tu peux t’asseoir, du moment qu’tu m’paies à boire... »

Après avoir fait un signe à une serveuse d’apporter 2 chopes, Ranulf se retourna vers le sergent.
- « L’entrée dans la Meute est un honneur, celui qui participe au choix a un rôle des plus importants »
-« Important p’tet ben, mais pas marrant … Yen des fois… st’e calvaire… presque pire que toi tiens ! Tu t’souviens du tiens d’entretien ? » Après quoi le sergent parti d’un éclat de rire

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La scène s’était déroulée deux ans plus tôt. Bien que le lieu ne soit pas le même, presque rien ne semblait avoir change : l’entrée de Ranulf, même habits, sans l’écharpe, à la même heure. La salle déserte, et le sergent dans son coin, occupé à sa manucure, une chope posée près de lui.
Sauf qu’alors, le regard du sergent s’était tout de suite posé sur Ranulf, qui s’approchait. Chaque pas de ce dernier faisait apparaître une ride supplémentaire sur le front du sergent, la distance entre les 2 diminuait d’autant que la force exercée par les machoires serrées de l’officier augmentait. Finalement, lorsque le nouveau venu parvint en face du sergent, le recruteur portait un masque de bête sauvage en face d’un parasite, auquel il ne manquait que les grognements…qui finirent par arriver.
- « GGGGRahh mais nan quoi ! Pfff l’soleil est mêm’po levé, j’en suis qu’à ma première chope et yen a d’ja un qui vient m’bouffer mon temps… A part pour m’enerver t’es la pourquoi ? Accouche ou dégage ! »

Ranulf, le visage neutre, dardait l’officier de ses yeux gris, sans sourciller. On l’aurait cru aveugle et sourd lorsqu’il prit la parole.
- « L’homme du Loup Blanc cherche une Meute. Ses crocs, son esprit et son sang ne demandent qu’à servir, pour elle et pour le Loup Blanc. »

Le sergent se frotta l’oreille droit avec sa main et cligna des yeux puis se pris la tête entre les mains.
- «Pfff…ben d’ja commence par m’apporter une seconde chope tiens…ca m’fra du bien pour décoder…spa gagné »

Après quoi, pendant que Ranulf allait chercher la chope, il sortit du papier, une plume et de l’encre. Tout était prêt lorsque le prêtre-guerrier revint. Il posa la chope devant le sergent et resta debout, bien droit, les mains croisées dans le dos. Le recruteur but une grande gorgée de brevage avant de commencer.
- « T’sais où t’es au moins ? Les Loups d’Ostland ! Sp’a d’la fiente de mercenaires ça…et toi t’as pourtant l’air d’en être d’la fiente…pourquoi qu’tu viendrais du coup hein ? »
- « La Meute est plus forte que la somme de la force des loups pris individuellement. Celui-ci souhaite apporter la force à la Meute. La perfection n’est possible que dans la chasse et la chasse se déroule en Meute. Celle d’Ostland est puissante, brave et loyale. Le Loup Blanc doit être avec vous. Par l’intermédiaire de son homme, vous l’aurez »

Le sergent, sans n’avoir rien écrit, se gratta la tête puis bu d’une traite la fin de la chope.
- « Vas m’en chercher une aut’…voir deux….ouais nan trois…c’est bien trois. Et file ton nom aussi, sinon tu pourras t’torcher avec ton dossier»
- « Ranulf » fit le prêtre, en allant chercher les chopes.
Sur ce, le sergent griffonna à peine quelques mots.

Une fois le breuvage arrivé, le sergent reprit.
- « Et à par parler en charabias tu sais faire quoi concrèt’ment ? T’exploses la cervelle des pôvs types le matin en leur parlant ? La parole ca a jamais tué son homme…or c’est not’ spécialité ça. Tu comptes t’y prendre comment avec ton Loup hein ? En leur grognant d’ssus ? »
Ranulf posa sa main droite sur le manche du grand marteau qui dépassait de son dos. En le dégainant, il déclara.
- « Le Loup Blanc est l’esprit même des batailles. L’homme qui le sert est enseigné à la Grande Chasse. Ses crocs brise le corps des proies, son hurlement brise la peur des chasseurs, son grognement brise le courage des proies, son sang brise les blessures des chasseurs. Cependant, celui-ci préfère briser les proies et aider à les briser. «

Le sergent avait commencé à prendre des notes avant de s’arrêter…à présent il attend la fin de la tirade et prends quelques secondes pour résumer en quelques mots.
- « Ouais ouais, tu m’les brises aussi, tu sais faire j’vois ca… comme presque tout’l’monde quoi… Tu t’crois unique pt’et ? Des prêtres on en a d’ja plein ! S’pas dit que ca suffise. Pis ca suffit pas, t’es pas dans la petite armée d’un bannerêt de l’Empire. Tu viens pas juste dire coucou, charcuter un temps pis si t’es encore en vie prendre ton fric et t’barrer. La compagnie quand t’y rentre, ya qu’un moyen d’en sortir : c’est les pieds d’vant…si t’as eu la chance de pas t’les faire couper ! S’bien beau de vouloir v’nir la, mais dans 1 an, ou 2 ou 10 hein ? Tu t’vois comment ici ? »

Toujours aussi imperturbable, la statue anima ses lèvres pour répliquer.
« Celui-ci ne vit que pour la Grande Chasse. Sans elle, le loup n’est rien et ne vaut pas la peine d’exister. Un jour sans chasse est un jour d’entraînement. Un jour sans aucun d’eux est un jour perdu. L’homme ne perd jamais de jour.
Le loup qui rentre dans la Meute cesse d’être un loup : il devient un organe de la Meute. Des lors, il ne pourra ni ne voudra se séparer de celle-ci. Leurs destins sont liés, celui-ci vivra à travers elle. Il sera loyal et fidèle, et si la tête de Meute veut lui conférer plus de responsabilités, cela sera sa seule volonté de destin. Rien de plus, rien de moins. »

Le sergent vidait sa dernière chope en consignant la dernière réponse.
- « Ouf, ca y est j’crois ben…Sauf si t’as que’qchose d’intelligent qui, par miracle, aurait pu surgir du fin fond d’ta caboche qui m’a l’air bien cabossée ? Genre un endroit ou t’rouvez…Des fois que le capitaine il veuille te voir quand même…va pas passer la journée à gueuler pour savoir ou qu’t’es ! »

Ranulf hocha la tête.
- « Celui-ci vous remercie. L’homme du loup blanc aiguisera ses crocs sur le petit terrain, à côté de cette tanière, d’avant le lever du soleil jusqu’à ce que la Lune soit haute dans le ciel. Que le Loup Blanc accompagne votre bravoue à la prochaine Chasse »

Après quoi, il réalisa un demi-tour très martial et sortit, comme il était entré, sans un mot.

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Ranulf regarda autour de lui. Il était enfin revenu...pas totalement rétabli, mais à force de patience et d'entrainement il esperaient retrouver la totalité de ses anciennes capacités. Un mince sourire aux lèvres, il pris un morceau de pomme sur la pointe d'un couteau et croqua dedans à pleine dents.

Il avait rejoint la Meute et c'etait bien là l'essentiel.

Nizdrann avança d'un pas lourd vers le bar. La mine tirée, les paupières lourdes, ces yeux semblaient fuir toute source lumineuse trop agressive. Sans trop dévier de sa trajectoire, il parvint jusqu'au comptoir ou il se fit servir deux chopes de bière.
Portant son précieux fardeau, il alla s'assoir à une table libre. Une fois confortablement installé, et une grande gorgée engloutie, il jeta enfin un regard à ceux qui l'entouraient.

Sa première vision fut celle du sergent qui l'avait testé quelques temps auparavant. En le voyant converser avec un autre homme, un sourire sardonique passa sur ses lèvres. Alors les sergents de la meute arrivaient à se faire des amis ? qui l'eût cru...